Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/127

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Le duc était adoré de ses deux sœurs, la marquise de Montcalm et la marquise de Jumilhac. Homme d’une grande simplicité de manières, d’un abord bienveillant et facile, il ne m’a jamais tendu la main sans que ses yeux eussent l’air de me dire : « Soyez tranquille sur votre avenir, je n’oublierai pas le service que dans des circonstances critiques, votre famille a rendu à mes sœurs. » Sous ce rapport, il faut le confesser, il était moins discret que ne l’étaient ses sœurs elles-mêmes qui semblaient toujours craindre qu’on n’abordât ce chapitre.

Le danger passé fait oublier bien des serments et, cette remarque est saillante lorsqu’on lit attentivement la correspondance de Mme de Montcalm avec ma mère. Antérieurement au retour des Bourbons, les lettres sont bonnes, d’une tendresse sans pareille et d’une intimité qui n’a pas pu être poussée plus loin avec d’autres affections. Après le rétablissement du trône légitime, ces lettres sont devenues, sans transition aucune, pleines de réticences parsemées de mots protecteurs et écrites enfin sur un ton qui rappelait à ma mère qu’elle ne devait pas ou plutôt qu’elle ne devait plus traiter avec

    traits rappelait la beauté de son grand-père dans sa jeunesse, mais son expression n’en avait ni la légèreté, ni l’audace, ni la vanité. On sentait qu’une révolution sérieuse et triste avait passé sur cette splendeur naturelle de race et y avait empreint la réflexion, la maturité, la vertu des longues adversités. Le caractère dominant de sa figure comme de son âme était la modestie. C’était un homme qu’il fallait toujours convaincre de sa propre suffisance, et à qui on ne pouvait faire accepter un honneur qu’en lui démontrant que c’était « un devoir. » (Lamartine, Histoire de la Restauration, tome V.)