Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/137

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fourreau avant qu’on eût ouvert la porte. Après cette équipée, je suis sorti sans proférer un seul mot, et me voici comme si je quittais le champ de bataille. » En effet, sa chemise déchirée était mouchetée de taches de sang que la jeune femme avait faites en se défendant unguibus et rostro.

Lady Fitz… garda sur cette aventure un silence prudent, et elle ne circula, par conséquent, ni dans les salons ni dans le public.

Une autre fois, c’était antérieurement à l’épisode que je viens de raconter, Ernest était de service, escortant le comte d’Artois à la portière de son carrosse, lorsqu’au milieu de la rue de Rivoli, son cheval glissa des quatre jambes sur le pavé et s’abattit rudement. Une des roues de la voiture du prince passa sur le colback du commandant de l’escorte, qui pourtant ne fut point blessé. Étourdi par la chute qu’il venait de faire, et peut-être aussi par le danger qu’il avait couru, Ernest se releva fort en colère, et se mit à déblatérer contre les Bourbons les injures les plus grossières :

« Faudra-t-il donc, s’écria-t-il, qu’un officier trouve la mort sous les roues d’une voiture de parade ? Ces gredins-là ne sont donc pas satisfaits de toutes les humiliations qu’ils nous font éprouver ? Doit-on encore être traîné dans la boue par eux ?… »

Ces exclamations furibondes eussent duré plus longtemps sans doute, si quelques personnes sages ne l’eussent averti avec douceur de son imprudence. Il se