Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/148

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malgré la guerre, je n’ai pas un membre de moins, je désirerais épouser une jeune personne, belle, bien élevée, et capable de faire avec tact et grâce les honneurs de ma maison. Je désire par-dessus tout qu’elle appartienne à une famille honorable, plutôt bourgeoise que noble. Quant à la fortune, je n’y tiens pas ; si la jeune personne me plaît, je la couvrirai d’or et de diamants.

— « La chose ainsi posée, répondit le notaire, est des plus faciles. Je connais une jeune fille d’une grande beauté et d’une rare distinction, dans les conditions que vous venez d’établir vous-même, et qui n’a pas un sou de dot. Venez, mon cher maréchal, dîner chez moi dimanche prochain, je vous placerai à table entre la mère et la fille, et, si celle-ci vous plaît, l’arrangement, je l’espère, sera bientôt conclu. »

Le maréchal Augereau fut exact au rendez-vous. C’était un homme de quarante-cinq ans, très bien conservé, très vigoureux, mais d’un physique peu attrayant ; il avait, ce jour-là, une tenue des plus soignées ; son valet de chambre y avait mis tout son talent ; mais, hélas ! on a beau faire, la jeunesse du cerveau ou celle du cœur ne remplace pas la jeunesse du visage, et une fois qu’un homme a passé la quarantaine, il ne fait plus guère, par ses charmes extérieurs du moins, la conquête d’une jeune fille.

À cette époque, vivait retirée, dans un des quartiers les plus humbles de Paris, une famille composée d’un