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Devenue veuve à son tour[1], la duchesse de Castiglione épousa en secondes noces, quelques années plus tard, M. le comte Camille de Sainte-Aldegonde[2], colonel, aide de camp du duc d’Orléans, le futur Louis-Philippe.

Le comte de Sainte-Aldegonde était jeune et brave ; une balle, qui lui avait traversé les deux joues à la bataille de Brienne, avait labouré sa langue en passant, ce qui le faisait zézayer un peu ; mais ce léger défaut, loin de lui être nuisible, donnait au contraire un attrait de plus à son accent. C’était un homme d’excellent ton, très aimable, aimant les chevaux, les équipages, le luxe ; il monta sa maison sur un tel pied que la grande fortune de sa femme n’y résista pas et se trouva bientôt compromise.

La duchesse de Castiglione passait pour avoir cent cinquante mille francs de rente. Ne pouvant plus faire face à ses dépenses, M. de Sainte-Aldegonde quitta la France et, avec l’agrément du roi, se rendit en Russie, où l’empereur lui confia le commandement d’un des régiments de sa garde. Lorsque les embarras financiers

  1. Le maréchal Augereau mourut d’une hydropisie de poitrine le 12 juin 1816. à l’âge de cinquante-neuf ans, dans sa terre de la Houssaye (Seine-et-Marne).
  2. Sainte-Aldegonde (Charles-Camille-Joseph-Balthazar, comte de), 1387-1853. Sorti de l’École polytechnique en 1807, il devint capitaine d’artillerie en 1812, aide de camp du maréchal Ney, puis du duc d’Orléans, colonel en 1814, commandant de la Martinique en 1827. Après avoir servi la Russie pendant douze ans, il rentra en France, fut nommé maréchal de camp en 1841, et retraité en 1848. Grand officier de la Légion d’honneur, chevalier de Saint-Louis.