Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/211

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dantes, les satires spirituelles étaient souvent dirigées contre le pouvoir par des gens chez lesquels on eût dû trouver plus d’indulgence, à défaut de gratitude. C’est un fonctionnaire de mon entourage qui me citait un jour ces vers peu respectueux destinés à être placés sous un portrait du roi peint par Legros :

Legros l’a peint, ce portrait plein de vie,
Qui de la France a fixé le destin ;
De la peinture admirez la magie,
En le voyant, chacun d’abord s’écrie :
Legros l’a peint.

Voyez ce port, cette aimable noblesse,
Voyez ce port et vous serez d’accord
Que ce morceau de l’art sera sans cesse
Bien préférable à tous ceux de la Grèce ;
Voyez ce port.

De cette épigramme j’en rapprocherai une autre entendue chez M. Nourrisson[1], député de la Haute-Saône, un soir qu’il m’avait convié à dîner. Ayant fait en cette aimable maison la connaissance d’un jeune compatriote à la physionomie fine, M. Genoux-Prachée[2], qui devait devenir, par la suite, député de Vesoul et qui,

  1. Nourrisson (Jean-Baptiste-Antoine, chevalier), 1768-1855. Député de la Haute-Saône de 1803 à 1806, puis substitut du procureur impérial à Besançon, il reprit sa place à la Chambre sous la Restauration. Chevalier de l’Empire.
  2. Genoux-Prachée (Georges), 1794-1846. Conseiller de préfecture, député de la Haute-Saône de 1831 à 1847. Chose rare chez les parlementaires, il était fort désintéressé et remettait au bureau de bienfaisance de Vesoul la partie de son traitement de conseiller, correspondant au temps qu’il passait à la Chambre.