Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/248

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l’appui des amis députés influents que j’avais alors à la Chambre, j’aurais pu peut-être l’emporter sur mon concurrent. Il était un peu tard pour y songer.

Qu’un gouvernement naissant cherche à avoir pour lui les savants, les littérateurs, les artistes, les supériorités de tout genre, rien de mieux ; mais il ne fallait cependant pas considérer les préfectures et les sous-préfectures comme des places taillées indistinctement pour toutes les capacités, toutes les encolures. La preuve la meilleure et la plus décisive de ce que j’avance, c’est que les hommes qui s’étaient fait une réputation comme écrivains n’ont rien ajouté à cette réputation en devenant préfets ou sous préfets ; ils ont même laissé dans ces emplois les plus belles plumes de leurs ailes, c’est-à-dire qu’ils ont cessé d’être écrivains, poètes, historiens, sans avoir rien innové, rien inventé, rien amélioré comme administrateurs. On peut les comparer tous à cet incomparable Lamartine qui a brisé son luth, et que ce sacrifice malheureux et si regrettable n’a point fait devenir un homme d’État.

Il est remarquable, d’autre part, que le personnel des procureurs généraux, qui ne compte que vingt-six titulaires, a fourni, pendant les dix-huit années du dernier règne, plus d’hommes de valeur que celui des quatre-vingt-six préfets. MM. Sylvain Dumon, Hébert, Barthe, Martin du Nord, Vivien, étaient sortis des rangs du parquet et l’on ne peut citer que M. Jayr qui, de préfet, soit devenu ministre sous la dernière monarchie, et quelles traces de monuments, d’institutions utiles,