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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/264

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vance, qui habitait alors rue de la Montagne-Sainte-Geneviève.

Ce brave homme qui, avec ses lunettes d’or et ses longs cheveux blancs, ressemblait à un vieux savant, aimait beaucoup d’Abrantès dont il goûtait l’affabilité et l’esprit vif, mais il avait la manie de le sermonner sur sa manière de vivre et de vouloir sans cesse lui faire prendre des émollients !

— « Vous avez tort, duc Napoléon, vous avez tort ; avec un estomac brûlé et des intestins engorgés, on ne va pas loin. Voyez comme nos aïeux, gens pratiques…

— « Vous oubliez, cher maître, interrompait sentencieusement le duc, que depuis la prise de la Bastille, tous les ventres sont libres ! » et comme le pharmacien insistait, d’Abrantès, riant, lui frappait sur l’épaule en disant : « Allons ! vous finirez par vouloir purger jusqu’à mes hypothèques ! »


Mon départ de Dole me donna des regrets qui ne firent qu’augmenter avec le temps, car les douze années passées dans ce pays m’avaient été douces, grâce à la bienveillance de mes administrés et aux aimables relations que je m’étais créées. Que de maisons se firent pour moi hospitalières et quels doux souvenirs évoquent en mon esprit les noms de M. Dusillet, maire de Dole, le spirituel écrivain que son talent souple et correct a placé aux premiers rangs des littérateurs franc-comtois, le vicomte Rigollier de Parcey, député