Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/273

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gnifique, M. Dusillet s’endormit dès les premiers accords.

Edme de Reculot, furieux de voir que son vieil ami n’était pas tout yeux et tout oreilles pour Mme  de Beuret, se leva brusquement dès que celle-ci eut fini de chanter, traversa le salon d’un bond, prit M. Dusillet par le collet de son habit et le secoua violemment en lui disant : « Comment, misérable, pouvez-vous dormir pendant que Mme  de Beuret chante ? — Cela n’est pas étonnant, répondit le malicieux vieillard, je ne me suis endormi que parce que vous, Edme, vous n’avez cessé de bâiller. » Ah ! si le futur ambassadeur, qui craignait que l’on crût à ce reproche mensonger, avait pu étrangler M. Dusillet, il n’y aurait plus eu ce jour-là de maire de Dole.

Les environs étaient aussi d’une grande ressource pour moi et je voyais toujours avec plaisir, à Montrambert, le général baron Grenier, frère du comte Grenier, l’aide de camp de Napoléon, et à Montmirey-le-Château le lieutenant général Poncet.

Ce dernier avait fait la plupart des guerres de la république, dont il portait des traces sur son visage labouré par un obus, mais il était presque impossible d’obtenir de lui la moindre relation de ce qu’il avait vu. On essayait vainement d’amorcer la conversation, il ne répondait que par monosyllabes :

— « La bataille de Fleurus à laquelle vous avez assisté, général, a-t-elle été meurtrière ?

— « Assez.