Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/276

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J’ai entendu, à diverses reprises, le général narrer certains épisodes de la bataille de Waterloo, où il avait été légèrement blessé et où il avait attendu pendant plusieurs heures avec sa division l’ordre de se faire écraser. En rendant justice aux opérations de son chef, le comte Reille, il prétendait que le maréchal Ney, le héros de tant de combats, avait atteint ce jour-là, plus que d’habitude encore, le paroxysme de l’impétuosité ; c’était un véritable lion, mais, au point de vue du cerveau, un lion convalescent.

Il témoignait aussi d’une grande admiration pour la sublime défense des derniers carrés commandés par les généraux Roguet et Cambronne. Ma curiosité m’ayant poussé un jour à lui demander son avis sur le mot bien senti que ce dernier passait pour avoir lancé aux Anglais, le général Bachelu me répondit qu’il avait lui-même questionné Cambronne quinze ans auparavant sur ce sujet et que, fort agacé, le brave soldat de Waterloo avait riposté par cette phrase :

— « Comment, toi aussi ?… Ah ! non, en voilà assez. Ça devient emm…! »

« Je dois dire, ajoutait le général Bachelu, que nous étions en tête à tête. Et puis je ne comprends pas ce désir de savoir si Cambronne a prononcé un mot si naturel en pareil cas ; ce jour-là, il a dû le dire cinq fois, dix fois…, comme moi d’ailleurs. »

Après les événements de février, le général Bachelu avait été nommé président du Comité napoléonien qui s’était formé à Paris pour favoriser par une influence