Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/289

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bles, c’est bien le moins que nous consacrions nous-mêmes quelques instants à leur rendre politesse pour politesse.

M. de Missiessy possède une dextérité de prunelle des plus merveilleuses, il peut tout à la fois jeter un coup d’œil suppliant à Marie, un regard de langueur à Pauline, une œillade agaçante à Irma. Quel rude et pénible métier que le sien et combien ses paupières doivent être fatiguées lorsque, le soir, il rentre dans sa cellule et qu’il se dépouille de son enveloppe de conquérant ! Homme du monde, flâneur habituel des eaux de France et de l’étranger, M. de Missiessy n’ignore pas la puissance qu’il exerce sur le cœur ou plutôt sur l’imagination des femmes et, en sujet habile, il profite d’autant mieux de ses avantages qu’il feint toujours la froideur et l’indifférence près de celles dont il veut se faire remarquer. Cette tactique, quoique déjà vieille, ne manque jamais son effet.

Ce gracieux cavalier est neveu de l’amiral de Missiessy, l’un des officiers les plus distingués de la marine française, et il passe pour un des joueurs de whist les plus intrépides et les plus brillants.

MADAME S…

De soixante-six à soixante-huit ans, ou plutôt pas d’âge, d’une taille de mastodonte, du poids de cent cinquante kilos. Cette énorme pièce de résistance, qui n’a peut-être jamais résisté, se roule péniblement deux fois par jour de son lit aux bains, des bains à table et