Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/297

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le 20, vers onze heures du matin, et entra au château de Vincennes seulement à cinq heures et demie du soir, sa voiture ayant été retenue à la barrière.

Après son dîner, comme le prince s’installait dans sa chambre, un lieutenant de gendarmerie d’élite fut introduit ; c’était M. Noirot : « Monsieur, lui dit cet officier avec le ton de la plus exquise politesse, je réponds sur ma tête de votre personne, et j’ai l’ordre de ne pas vous perdre de vue un seul instant ; mais rassurez-vous, j’exécuterai cet ordre avec tous les égards dus au malheur. »

Contrarié de l’embarras désagréable qu’allait lui causer la présence constante d’un étranger près de lui, le prince allait répliquer avec quelque vivacité peut-être, lorsque les dernières paroles du lieutenant changèrent brusquement la mauvaise disposition du duc en un sentiment de reconnaissance qu’il exprima à son tour, avec une certaine émotion. Il considéra alors plus attentivement le militaire qu’on venait de lui donner pour gardien. C’était un homme bien tourné, d’une figure douce, avenante et qui n’inspirait que de bonnes pensées. Après l’avoir un moment examiné, le prince dit tout à coup : « Lieutenant, j’ai l’honneur de vous connaître, mais je ne me rappelle ni en quel lieu ni en quelle circonstance je vous ai vu. — Monsieur, répliqua l’officier, je faisais la même réflexion ; mais mes souvenirs me servent mal en cet instant et je ne me rappelle pas non plus où j’ai eu le plaisir de vous rencontrer. — Dans