Aller au contenu

Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous prend côte à côte dès que vous êtes introduit, et, si vous n’acceptez pas le siège qu’il vous offre, il vous fait faire de long en large une promenade au pas gymnastique qui dure aussi longtemps que l’entretien. Cette manière de prendre de l’exercice peut être fort agréable pour lui, mais à coup sûr, elle ne l’était pas pour moi, qui suis sorti tout en nage de son appartement.

Après avoir causé pendant quelques instants des affaires générales du pays, le prince Jérôme s’est écrié tout à coup : « Qui est votre député ? N’est-ce pas M. de Grammont ? — Oui, prince. — Mais n’est-il pas un peu… bizarre ? — Oui, prince. — Et pourquoi le gouvernement ne vous a-t-il pas désigné pour son candidat ? — Parce que M de Grammont, que les gens sages ont toujours regardé comme un légitimiste, malgré les semblants républicains qu’il affectait sous Louis-Philippe, feint un grand amour pour le prince-président et parce que M. Dieu, préfet de la Haute-Saône, n’a pas eu le courage de le montrer à découvert. — Mais je n’y suis plus, a répliqué le prince Jérôme ; les préfets doivent être aujourd’hui à cheval sur les députés qui ne peuvent plus être que par eux. Or le vôtre ne comprend pas sa mission puisqu’il se laisse brider par les siens ! » On a annoncé alors le prince Charles. C’est Canino, fils de Lucien Bonaparte, qui, naguère encore, contrariait un peu la politique du pape dans les États romains. Le prince Charles est un bon gros réjoui, qui m’a paru avoir de