Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/94

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vaient mis en cet état et qui n’étaient autres que quelques ennemis secrets de mon père voulant lui jouer un mauvais tour.

Ce militaire fut saisi, désarmé sans opposer la moindre résistance et conduit à la préfecture par plusieurs personnes présentes. Le préfet, M. Bouvier-Dumolard, qui ne plaisantait pas avec les perturbateurs, dépêcha cet ivrogne au général Marulaz, qui le fit reconduire, sous bonne escorte, à son corps cantonné à quelques kilomètres de Besançon et qu’on n’avait pas voulu faire loger en ville dans la crainte de quelque désordre. Cette affaire n’eut d’autre suite que la consigne donnée aux patrouilles de surveiller notre maison, de manière à ce que pareille sottise ne se renouvelât plus.

Cette violation brutale du domicile d’un particulier par un corps franc fit du bruit dans le public et nous donna la réputation d’ardents royalistes, que nous ne méritions qu’à moitié. La première Restauration avait trouvé dans mon père, sinon une effervescence d’enthousiasme qui n’était pas dans sa nature, du moins une sympathie sincère et réelle ; mais son illusion n’avait pas été de longue durée, car, après avoir vu les fautes irréparables des Bourbons, il s’engagea en plein, comme tous ses amis, dans cette lutte que commençait alors le parti libéral, c’est-à-dire le parti de la jeunesse, contre le système réactionnaire de la monarchie dite légitime.

Dès les premiers jours de la rentrée des Bourbons,