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LIOLA


 « Ah ! » se dit-il, « si doux est le repos nocturne !
Que ne puis-je dormir le sommeil du tombeau !
Oui ! la terre a beaucoup de trésors en son urne !
Sans doute, après la nuit, le jour paraît bien beau,
Quand tout, purifié sous la fraîche rosée,
Dans des flots de lumière, un instant s’embellit !
Mais lorsque de l’exil la chaîne s’est brisée,
Que le corps au tombeau dort comme dans un lit,
L’âme s’éveille alors pour contempler, ravie,
Les splendeurs du soleil qui n’a pas de déclin :
Plus d’ombres ! Oh ! je veux que l’immortelle vie
En mon être épuisé, comme un fleuve cristallin
Dans le sol desséché, s’épanche goutte à goutte ! »
Hélas ! le temps n’est pas venu pour le repos.
Il faut que des douleurs sa pâle lèvre goûte
Jusqu’à l’amère lie. Ah ! toujours les héros
N’ont pu qu’ainsi monter au sommet de la gloire !

Tout à coup de clameurs la rive a retenti :
Ce sont les ennemis qui chantent leur victoire,