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LE CAPTIF




Comme Léonidas, Daulac, en succombant,[1]
Par sa valeur venait de sauver la patrie.
Aux bords de l’Ottawa, tout guerrier en tombant
Devint le rempart où se brisa la furie
Du farouche Iroquois. Ô glorieux combat !
De nos lointains déserts nouvelles Thermopyles !
Seul à cette hécatombe, encor jeune, un soldat
Survit, tel un épi sur les plaines fertiles
Reste après la moisson. Des cruels Indiens
La fureur est sans borne, et l’enfant de la France
Chancelle sous les coups, saigne sous ses liens.
Devra-t-il renoncer à toi, douce espérance ?

  1. En 1660, seize jeunes Français, commandés par Daulac, furent attaqués par sept cents Iroquois, dans un méchant fort de pieux, au pied du Long Sault, avec l’aide d’une cinquantaine de Hurons et d’Algonquins, ils repoussèrent tous les assauts pendant dix jours. Mais abandonnés à la fin par la plupart de leurs alliés, ils ne purent résister à une attaque et succombèrent. L’un des quatre Français qui restaient encore avec quelques Hurons, lorsque l’ennemi pénétra dans l’intérieur du fort, voyant tout perdu, acheva à coup de hache ses compagnons blessés, pour les empêcher de tomber vivants entre les mains du vainqueur. Le dévouement de Daulac arrêta les premiers efforts d’un orage qui allait fondre sur le Canada, car les ennemis qui avaient essuyé des pertes très considérables, furent si effrayés de cette résistance, qu’ils abandonnèrent une grande attaque qu’ils venaient faire sur Québec, où la nouvelle de leur approche avait répandu la consternation. Après s’être emparés de cette ville, leur projet était de se rabattre sur Trois-Rivières et sur Montréal, et de mettre tout à feu et à sang dans la campagne… (Garneau, Histoire du Canada).