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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/7

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LE CAPTIF


Lionel était né pour être un de ces preux.
Jusqu’alors bercé sous le beau ciel de Provence,
À l’ombre des lauriers, il n’était pas heureux.
La neige glacée Maisonneuve s’avance[1]
À ses yeux resplendit d’un charme souverain :
L’Inconnu, vers les bois et les grands lacs, l’attire
Et quand Daulac conçut son sublime dessein
Il se joignit à lui pour voler au martyre ;
Et maintenant il va, seul, mais encor serein,
Aux flammes du bûcher, au poteau du supplice.
Prêt à quitter ces lieux où ses frères sont morts,
Du rapide canot, qui sur le fleuve glisse,
Ses yeux, remplis de pleurs, s’attachent à ces bords
Où dix-sept combattants chassèrent une armée.
Donne-leur une larme, ô brave prisonnier !
Qu’elle soit à leur corps la goutte parfumée
Qui ranime la fleur de l’arbre printanier !
Et la patrie un jour, comptant une victoire,
Dans pareille défaite, à votre souvenir
Élèvera là même un monument de gloire !

  1. M. Chaumeday de Maisonneuve fonda en 1642 la ville de Montréal qui fut alors nommée Ville-Marie et est aujourd’hui la métropole commerciale du Canada.