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LE SACRIFICE.

Vois donc comme l’azur de pourpre et d’or ruisselle !
Faut-il qu’un jour si beau soit notre dernier jour ? »

« Le dernier ici-bas ; le premier dans un monde
Où la clarté, » lui dit-il, « jamais ne s’éteint.
Que sont toutes les fleurs de la terre féconde,
Les gouttes de rosée où le ciel bleu se peint,
Les notes que l’oiseau dans l’air limpide égrène,
Auprès de la beauté de cet autre séjour
Où l’âme s’embellit de lumière sereine
Et soupire les chants de l’éternel amour ?
Oui ! sans doute qu’il est dûr de quitter la vie,
Surtout lorsqu’en tes yeux elle vient m’éblouir !
Mais volontiers je l’offre et je la sacrifie
Pour le salut des tiens ; puissent-ils en jouir !
Ah ! qu’avec notre mort une autre ère commence
Pour tout ce continent par l’erreur habité !
Que notre jeune sang soit comme une semence
Qui fasse épanouir l’amour, la vérité !