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LE SACRIFICE.

Pour leurs fronts purs qu’est-il besoin d’une couronne ?
De colliers pour leurs cous par l’amour enchaînés ?
Lentement la tribu pourtant les environne
Et s’avance vers eux, les regards détournés.
Voyez cette tunique et ces plumes si blanches,
Ces habits ravissants comme la pureté :
Ne semblent-ils pas pris à la neige qu’aux branches
L’hiver suspend et faits pour orner la beauté ?

Que les temps sont changés ! Cette fraîche parure,
Destinée au grand jour, servira de linceuls,
Et ceux, que des amis, un tendre amour conjure
De rester en ces lieux, bientôt partiront seuls…
Oh ! mille voix avec des soupirs et des larmes
Pont entendre déjà leurs lamentations.
Que l’hymne des adieux apaise leurs alarmes,
Comme la mer s’endort au chant des alcyons !