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LIOLA.


À ces tristes accents succède le silence
Qui vient parfois glacer la nature d’effroi.
Le canot de la mort est là qui se balance
Et des esprits s’empare un indicible émoi.
À travers les guerriers, marchant vers les abîmes,
Recouvertes de fleurs et de leurs habits blancs,
S’avancent maintenant les augustes victimes ;
Et toutes deux ainsi se meuvent à pas lents,
Comme une vision qui vient de l’autre monde.

Que vois-je ? À peine aux bords leurs pieds ont-ils touché
Qu’aussitôt Lionel plonge sa main dans l’onde
Et, verse, radieux, sur le doux front penché
De celle qui l’attend, l’eau régénératrice !
Ô spectacle sacré des rives du Jourdain,
Tu reparûs alors aux bords du précipice.
Et l’œil crut voir planer encor l’oiseau divin !
L’astre du jour lançait ses lumineuses gerbes
Et, comme si les cieux se fussent entr’ouverts,
Tout rayonna soudain : depuis les monts superbes