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La Vie
aux Galères

I

Une condamnation aux galères.



J e suis né à Bergerac, en l’année 1684, de parents bourgeois et marchands, qui, par la grâce de Dieu, ont toujours vécu et constamment persisté jusqu’à la mort dans les sentiments de la véritable religion réformée. En 1699, le duc de La Force[1], qui témoignait, du moins extérieurement, n’être aucunement dans les sentiments de ses illustres ancêtres par rapport à la religion réformée[2], sollicita, à l’instigation des jésuites, la permission d’aller dans ses terres du Périgord, qui sont grandes et considérables, pour convertir les huguenots. Il flattait trop en cela les vues et les principes de la Cour pour ne pas obtenir un si honorable et si digne emploi. Il partit, en effet, de Paris accompagné de quatre jésuites, de quelques gardes et de ses domestiques. Arrivé à son château de La Force, distant d’une lieue de Bergerac, il commença à exercer des

  1. Henri-Jacques Nompar de Caumont, duc de La Force, converti au catholicisme à l’âge de treize ans par les soins des Jésuites. Le Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français a publié une lettre de lui au garde des sceaux Pontchartrain, proposant de frapper les récalcitrants d’une amende et d’envoyer chez eux des cavaliers en garnison (VIII, 144).
  2. Jacques Nompar de Caumont La Force (1558-1652), échappé au massacre de la Saint-Barthélemy, maréchal de France sous Henri IV et Louis XIII, était un de ses aïeux. Son père ne se convertit au catholicisme qu’après un long emprisonnement.