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Page:Marteilhe - La vie aux galères, 1909.djvu/41

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une condamnation aux galères

fondirent pas, car il est vrai de dire que le conseiller, notre protecteur, avait brigué plusieurs voix au Parlement en notre faveur et qu’en un mot ce corps était, ou tout entier ou pour la majeure Louis Phelypeaux
(Bibliothèque Nationale. Estampes.)
partie, incliné à notre élargissement. Deux heures après que nous fûmes de retour dans la prison, le geôlier, tout essoufflé, courut à notre cachot, pour nous féliciter de notre délivrance prochaine. Un clerc du Parlement était venu la lui annoncer, ayant vu de ses propres yeux la résolution de l’assemblée, qui nous avait en plein absous de l’accusation d’avoir voulu sortir du royaume. Nos bons amis de la ville nous vinrent aussitôt féliciter en foule, et nous crûmes la chose si réelle que nous attendions d’heure en heure notre élargissement. Cependant il n’en fut rien, quoiqu’il fût très vrai que le Parlement nous avait absous. Mais, comme nous étions des criminels d’État, le Parlement ne pouvait nous élargir qu’en conséquence des ordres de la Cour. Le procureur général en écrivit donc au marquis de la Vrillière, ministre d’État, lui disant que nous avions fait preuve parfaite de notre innocence à sortir du royaume et que le Parlement attendait ses ordres pour la destination des prisonniers. Le ministre répondit qu’ils