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LA COTE D’AZUR RUSSE

expéditions caucasiennes d’il y a un demi-siècle ; comme membre du Conseil de l’empire, il a consacré les dernières années de sa vie († 1902) à organiser l’œuvre qui se poursuit actuellement sur le littoral caucasien[1].

Dans les lettres où il prenait la peine de m’expliquer d’avance la nature et l’objectif de ma mission, M. Yermoloff, en des termes trop heureux pour ne pas être intégralement rapportés, indique comment « les grands travaux qui se font actuellement au Caucase ont été placés sous sa direction personnelle par Sa Majesté l’empereur Nicolas II, qui s’intéresse infiniment à tout ce qui concerne le Caucase, un des plus beaux joyaux de sa couronne : c’est la contrée entre les villes de Novorossiisk et de Soukhoum qui attire pour le moment plus spécialement l’attention du gouvernement russe ; on s’occupe de la coloniser, d’y introduire des cultures spéciales d’un caractère presque tropical, d’y faire élever des sanatoriums, des stations balnéaires et même des villes nouvelles dans des localités qui ne présentaient jusqu’ici que des forêts vierges ».

Il est impossible de mieux résumer que par cette définition officielle l’œuvre ainsi entreprise sur le rivage oriental de la mer Noire.

Depuis 1898, les localités principales ont été l’objet de développements ou de créations considérables, témoignant d’une activité et surtout d’une volonté irrésistibles pour la lutte contre les difficultés naturelles à vaincre dans un pays sinon désert, du moins à peu près vide et qui veut être fructueusement rempli :

Novorossiisk, avec son port de mer de premier ordre, entouré de villas et de vignobles qui donnent le meilleur vin de la côte, y compris le célèbre vin mousseux d’Abraou-Durso (domaine de la famille impériale).

Guélendjik, au fond d’une baie profonde du même nom, plage et bains de mer très fréquentés, surtout par un public appartenant à la classe moyenne.

Touapsé, port de mer en construction, point terminal du chemin de fer projeté entre la station d’Armavir, de la ligne Rostoff-Vladicaucase, la ville de Maikop et le littoral, est destiné à devenir une des stations principales.

Sotchi, entre la plage et des collines d’où se déroule un superbe horizon de montagnes neigeuses, environ à mi-distance des deux grands ports de Novorossiisk et Poli, présente avec le Cannes de la Côte d’Azur une frappante analogie de site et d’allure que je ferai comprendre ci-après : ce sera le séjour préféré des familles amies du repos et de la villégiature tranquille ; elle a toute la sollicitude de M. Yermoloff, qui y a préparé et parachevé le cadre très esthétique d’une station accomplie.

Khosta, ville naissante au bord de la mer, qui compte déjà plus de 1,000 habitants.

Adler, petit port commercial, point de départ de la chaussée menant dans la montagne, à krasnaia-Poliana.

Gagri, luxueuse création de son A. I. le prince d’Oldenbourg, sortie de terre avec la fantasmagorique rapidité d’une année à peine, représentera, sur la route de Soukhoum, un Monte-Carlo attirant pour l’aristocratie et la finance : antithèse

  1. En 1905, M. Yermoloff, ayant quitté le poste de ministre pour entrer au Conseil de l’empire, est demeuré, comme président de la commission des améliorations caucasiennes, spécialement chargé de l’aménagement de la Riviera russe.