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principes de géologie

filons métallifères, où l’homme va chercher à grands frais les métaux précieux et autres.

« Ces métaux y existent soit à l’état natif, soit plus ordinairement combinés aux divers minéralisateurs, et formant alors des minerais tantôt oxydés (oxydes, carbonates, silicates, arséniates, phosphates, etc.), tantôt dépourvus d’oxygène (sulfures, arséniures, antimoniures, chlorures, fluorures, etc.). Les minerais sont d’ailleurs rarement à l’état de pureté dans les gîtes, et presque toujours on les trouve disséminés au milieu d’une certaine quantité de matières pierreuses appelées gangues. Les principaux gîtes sont les filons occupant des fentes bien caractérisées de l’écorce terrestre. Le remplissage d’une fente doit pouvoir s’opérer de trois manières : 1° par injection directe ; 2° par sublimation ; 3° par circulation d’eaux minérales. » (De Lapparent, p. 1357.)

Phénomène sidérolithique. — Sur beaucoup de plateaux calcaires on observe une formation très spéciale, que l’abondance du minerai de fer en grains a fait dénommer terrain sidérolithique. Le minerai (limonite) empâté dans une argile se présente soit en couches, soit en poches, dans le calcaire. Les sources minérales ont dû jouer un rôle important dans la production de ces dépôts.

Quant à leur âge, voici ce que l’on peut en dire : « Les phosphorites du Quercy, qui sont une manière d’être particulière de ce terrain, offrent une faune de mammifères caractéristique de l’oligocène inférieur. Toutefois le phénomène sidérolithique a très bien pu commencer à se produire dès l’éocène ».

En somme il paraît certain que les actions internes ont puissamment contribué à la formation des phosphorites et des dépôts sidérolithiques. « Ce sont des dépôts mixtes, où les agents extérieurs ont eu leur part et où les fossiles sont venus dater, pour ainsi dire, des émissions dont l’abondance a sans doute été en rapport avec les grands mouvements qui se préparaient alors dans le sol de l’Europe. » (De Lapparent.) (V. chap. XXII.)

La dolomie. — Il est dans les terrains stratifiés une roche spéciale, la dolomie, à laquelle sont dus tous les accidents si pittoresques des falaises et plateaux des Causses, escarpements et découpures ruiniformes.

C’est un calcaire où la magnésie est associée en très fortes proportions au carbonate de chaux, en deux mots un calcaire magnésien.

Elle a reçu le nom du célèbre minéralogiste français Dolomieu (1750-1802), qui l’a le premier étudiée et reconnue.

Ses deux caractères principaux sont l’absence de fossiles et le défaut de stratification. Quand elle est creuse et comme cariée, on l’appelle cargneule, surtout dans les Alpes, où elle forme les curieux massifs dolomitiques du Tirol.

Elle se trouve dans toutes sortes de terrains, et l’on a expliqué son origine de diverses manières[1].

De la coloration rouge et noire des roches calcaires. — « Les roches calcaires sont très sensibles à l’action de l’air et de l’humidité : d’une part, en raison des matières organiques qu’elles contiennent généralement, elles subissent à l’air une combustion lente, qui leur donne une teinte plus claire ; d’autre part, les sels ferreux s’oxydent et communiquent à la roche une coloration brune ou rougeâtre.

  1. Jeanjean, Étude sur l’oxfordien, etc., dans les Cévennes ; Association française pour l’avancement des sciences, Montpellier. — Potier, Bull. Soc. géol., 31 octobre 1877. — De Lapparent, p. 331 et p. 898.