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les cévennes

Enfin celles où les deux bords de la fracture se sont disjoints, écartés, et où une roche subjacente a vu le jour à travers la « boutonnière » ainsi ouverte : montagnes d’écartement (forêt Noire, Vosges, Morvan, Lozère, Aigoual, etc.).

En résumé, « le prélude de la formation d’une chaîne est un affaissement survenu sur l’emplacement même ou dans le voisinage immédiat de cette chaîne future. » (De Lapparent.)

Ce n’était pas l’opinion du célèbre Léopold de Buch, qui voyait dans les montagnes « le produit immédiat d’une impulsion verticale directe, du même ordre que celle à laquelle il attribuait la formation des cratères de soulèvement, mais dirigée suivant une ligne d’une certaine étendue, au lieu d’être concentrée sur un seul point. Cette impulsion avait sa source dans la force d’expansion des vapeurs volcaniques. L’idée de l’impulsion verticale, directement provoquée par la masse fluide

Pli.

interne, a presque entièrement disparu de la science[1]. »

Même avant Élie de Beaumont, Constant Prévost avait opposé à cette théorie des soulèvements celle des affaissements, considérant les montagnes « comme la résultante locale du mouvement centripète général de l’écorce terrestre. »

On a reconnu à l’heure actuelle que dans aucun massif montagneux il ne serait possible de citer un seul exemple d’une roche d’origine interne ayant provoqué un soulèvement. Partout les roches cristallines apparaissent comme passives.

Ce n’est pas le phénomène éruptif qui est la cause de la surgescence des montagnes.

Mais si les géologues sont maintenant unanimes sur ce point, il en est un autre sur lequel l’entente n’est pas encore établie. À propos des montagnes d’écartement où la masse centrale se trouve étreinte entre les lèvres disjointes du terrain disloqué, on n’est pas d’accord sur la manière dont vient s’intercaler la roche sous-jacente.

Pour Élie de Beaumont, Dana, Constant Prévost, de Richthofen et

Cassure.

M. de Lapparent, la pression à la fois verticale et latérale exercée par les deux lèvres du terrain disloqué pendant leur mouvement de bascule sur la masse subjacente, a dû soulever cette dernière, la faire monter, jaillir presque, jusqu’à dépasser le niveau des lèvres ; elle s’est haussée à travers la boutonnière, selon la si heureuse expression d’Élie de Beaumont. Pour MM. Bleicher, Suess et Neumayr, au contraire, les montagnes d’écartement sont des piliers, des Horst, mis en saillie par l’effondrement des roches encaissantes. Il y aurait donc là au contraire affaissement, mouvement de haut en bas, dû aux contractions de l’écorce terrestre. C’est la fameuse théorie des Horst (Suess, Entstehung der Alpen ; Vienne, 1875; — id., Autlitz der Erste ; Vienne, 1885 et 1887; — Neumayr, Erdgeschichte ; Leipzig, 1886, t. Ier).

Filons métallifères. — Aux fractures du sol sont encore subordonnés les

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