Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
123
MONTPELLIER-LE-VIEUX

cellement de rochers. Ajoutez qu’entre cette corniche et la rivière sont semés les arcades et les chapiteaux, les terrasses et les colonnes s’effondrant en cascades de pierre dans le ravin de Canazels ; à gauche, le Château-Gaillard commande toute la position, et les minarets des Amats dardent leurs pointes dans le ciel bleu. Ce tableau général et grandiose fait diversion aux scènes de détail et proscrit la monotonie. — Le mur de la Courtine se prolonge au nord-est ; mais il a cédé sous la pression des eaux d’amont, qui y ont entaillé six fissures parallèles longues de 80 à 120 mètres, hautes de 30 à 50 et larges de 1 à 10 mètres, comme des crevasses de glaciers : c’est le débouché de la Millière dans le ravin du Doul ; je renonce à expliquer l’enchevêtrement de ces entailles ; rien n’est plus singulier

L’Échiquier. — Phot. Chabanon.


dans tout Montpellier, et si les caussenards avaient connu plus tôt cet endroit, nul doute qu’ils n’y eussent vu l’empreinte des griffes du diable. Trois de ces fentes (celles de l’est) sont infranchissables, barrées par des ressauts et d’énormes blocs, entre lesquels les eaux devaient furieusement bondir à l’époque où elles sculptaient la Millière ; les trois autres se peuvent parcourir modo caprarum, des pieds et des mains, et il est indispensable d’en aménager une commodément, pour que les touristes ne soient pas privés de cette curiosité. — En arrière, une large surface nivelée, le Forum (n° 49), est la partie la plus déprimée de la Millière (732 m.). Ici, comme à Pompéi, gît une quasi-cité morte, sans toits ni habitants, avec ses carrefours dallés, ses balcons et ses fenêtres, ses portiques et presque ses temples, plus gaie cependant, à cause des grands arbres ; tout autour, de nombreux champignons rocheux en forme d’urnes ou de cénotaphes ont fait placer là aussi une rue des Tombeaux (n° 57). D’autres observateurs y ont vu des mitres d’évêque ou des bonnets persans, voire même des profils de