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Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/192

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causse noir. — dourbie. — monts du vigan

14,417 aggl. ; Æmilianum des Romains, ou Ab amygdalis, à cause de ses aman-diers ; A mille aquis, mille eaux, A mulionum via, chemin des mulets), ne peut prétendre à la qualification d’inconnue. Depuis longtemps le chemin de fer de Rodez à Béziers la traverse, et le Guide Joanne indique ce qu’elle a à montrer aux étrangers : peu de chose, en somme, en dehors de son vieux beffroi et de sa curieuse place d’Armes aux antiques galeries de bois. Tout son lustre est dans sa situation et ses beaux environs. C’est l’une des portes de la région des Causses, à l’entrée du troisième des grands cañons, celui de la Dourbie, qui, sous le pont même de Millau, se marie au Tarn par 350 mètres d’altitude. Dans une large plaine, la ville s’étend à l’aise sur la rive droite du Tarn ; et si l’on y arrive après avoir séjourné quelque temps dans les étroites gorges d’amont, on est tout étonné de retrouver des cheminées d’usines en vue même des falaises dolomitiques du causse Noir et du Larzac, qui l’entourent encore à l’est et au sud, mais ne l’écrasent plus. Dans l’angle sud-est du confluent des deux rivières s’étend, en face de la ville, la plaine de la Grauffessenque, riche en débris de poterie romaine (p. 95). Vers le nord-ouest, Millau confine au « Lévezou, gneiss et granit stérile, landes et fougères, bois et taillis, champs de seigle, et çà et là quelques beaux mégalithes. Le Lévezou donne naissance au Viaur ; il part de la rive gauche de l’Aveyron, qu’il domine par les longues croupes de la forêt des Palanges ; il s’avance au-dessus de la rive droite du Tarn, qu’il commande, au nord de Millau, par la belle cime (calcaire), franchement dégagée, du puech d’Ondes ou puech d’Ondon (885 m.) ; il a pour tête le Pal (1,157 m.), à la première fontaine du Viaur. » (O. Reclus.)

De Millau nous partons pour le Vigan, visitant en chemin le causse Noir, la vallée de la Dourbie et le nœud gordien des montagnes qui s’enchevêtrent entre le Larzac et l’Aigoual.

« Le causse Noir serait plutôt causse Rouge, ou même causse Omnicolore, ses roches ayant toutes les teintes ; on le nomma causse Nègre de sa sombre forêt de pins, que les caussenards noirs ont presque toute extirpée : il n’en reste plus que des bouquets, que des rideaux, et, par endroits, des duos, des trios, des quatuors, bas, malingres, à cause de la violence du vent, de la sécheresse et de la dureté du sol.

« Vers l’est, il s’adosse au granitique Aigoual. De tout autre côté, son bloc se déchire soudain et tombe en à-pic, en surplombs, sur des gouffres de 400 à 500 mètres ; au midi, son escarpement plonge sur la Dourbie, qui le sépare du Larzac ; au nord, il s’abat sur la Jonte, qui le sépare du causse Méjean ; à l’ouest, il s’avance en hauts créneaux sur le val du Tarn, en amont de Millau, vis-à-vis du puech d’Ondon.

« Ainsi limité par un mont et par trois précipices, aux altitudes de 800 et 1,000 mètres, il a 20 kilomètres de l’est à l’ouest, 7 à 20 du nord au sud, en lui ajoutant un bastion détaché, le causse Bégon, qui monte de Nant à Trèves, entre la Dourbie et son affluent le Trévesel ; il n’a guère que 15,000 hectares : c’est donc le moindre des grands causses, mais non le moins célèbre, grâce à sa « merveille du monde », à sa plus que cyclopéenne cité de Montpellier-le-Vieux. » (O. Reclus.)

Comme aspect général, le causse Noir ne diffère pas sensiblement des plateaux calcaires voisins.

Du côté de l’ouest, les escarpements de Millau ont encore 500 mètres de hau-