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les cévennes

qu’elles baignent, indiquons les lignes de faîte qui les séparent, énumérons leurs cañons.

Le Lot (prononcez Lott), ou plutôt l’Olt, naît à la montagne du Goulet (1,499 m.), par 1,300 mètres environ d’altitude, et adopte de suite la franche direction de l’ouest. Longé par la grande ligne routière qui joint Espalion au chemin de fer de Clermont à Nîmes (station de Villefort), il baigne le Bleymard, entre le mont Lozère au sud, le Goulet et le plateau du Palais du Roi au nord. À Mende, il a buté contre les calcaires et disjoint deux petits causses, ceux de Mende et de Changefège. Puis c’est le grand causse de Sauveterre, au sud, qui laisse ronger sa base par les flots du Lot, tandis que, sur la rive droite, des masses calcaires moins importantes (truc du Midi [V. chap. XVIII]) séparent Mende de Marvejols, l’Olt de la Colagne. Celle-ci, affluent de droite, draine à l’ouest les eaux de l’Aubrac, granitique et basaltique, à l’est celles de la Margeride, longue épine de terrain primitif qui fournit aussi, plus au nord, de gros contingents à l’Allier naissant. En aval du Monastier, la Colagne tombe au Lot, qui arrose ensuite Banassac et Saint-Laurent-d’Olt, sous le revers sud de l’Aubrac. Sur ce dernier village, le chemin de fer de Millau à Marvejols dégringole du plateau méridional, que la source et le haut vallon de l’Aveyron subdivisent à cette hauteur en deux parties : le causse de Sévérac, entre Aveyron et Lot, et le causse des Palanges-Lévezou, entre Aveyron et Tarn. Enfin de Saint-Geniez à Espalion les contreforts des monts d’Aubrac, tous orientés nord-est-sud-ouest, contraignent le Lot a de profonds et nombreux méandres.

Pont-de-Montvert, près des sources du Tarn, qui sourdent, vers 1,550 mètres d’altitude, au sud du roc Malpertus, demeure à l’écart entre les granits du mont Lozère et du Bougès ; c’est cependant un important point de convergence pour les routes d’Alais à Mende. Au sortir de sa haute gorge schisteuse, le Tarn, négligeant Florac, semble pressé de gagner à Ispagnac son illustre cañon, le long duquel sont étapées Sainte-Enimie, la Malène, Saint-Préjet-du-Tarn (les Vignes), comme englouties dans l’hiatus qui a séparé Sauveterre et Méjean.

Au double village de Peyreleau-le-Rozier, le Tarn recueille la Jonte, venue de l’Aigoual en passant par Meyrueis, puis aux pieds du Méjean et du Noir.

Mostuéjouls, Rivière, Compeyre et d’autres gros bourgs allongés en une rue presque continue jusqu’à Millau, entre les causses Noir et de Sévérac, ont un air de fête dans leur vallée élargie en riant bassin, heureux sans doute de n’être pas exilés dans l’étroitesse des cañons d’amont.

Le poète Ausone a dit que le Tarn roulait des paillettes d’or : Auriforum postponet Gallia Tarnem ; Sidoine Apollinaire a admiré la transparence de ses eaux : Piscem perspicua gerens in unda.

La Dourbie, qui commence bien près de la Jonte, divise les deux derniers grands causses, le Noir et le Larzac ; elle passe à Saint-Jean-du-Bruel, Nant, la Roque-Sainte-Marguerite, et reçoit à droite le Trévesel (grossi du Bonheur-Bramabiau, la rivière débaptisée sous terre) et la Garenne.

Après Millau, le Lévezou et le Larzac encagnonnent encore quelque peu le Tarn, que nous délaissons au confluent du Cernon (r. g.) ; beaucoup plus loin il reçoit, mais médiatement, par le Dourdou, la source larzacienne de la Sorgues, déjà grosse rivière à Saint-Affrique.

Le Tarnon fait, à l’est du Méjean, pendant à la Jonte au sud ; il s’est encaissé entre les calcaires jurassiques et les crêtes zigzagueuses des vraies Cévennes,