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les cévennes

Ces subdivisions sont lithologiques seulement, et nullement stratigraphiques ; il ne faut pas y voir un tableau chronologique ; car si la craie, les meulières, la tourbe, par exemple, sont particulières aux âges crétacé, tertiaire, moderne, il y a, par contre, des calcaires, des grès, des argiles, dans les formations de toutes les époques.

III. Terrains éruptifs. — « Il résulte des observations géologiques (et le fait a été bien mis en lumière par M. Michel Lévy), que les roches d’origine interne forment, dans l’histoire du globe, deux grandes séries d’importance très inégale (en Europe du moins). La première a marqué les temps primaires ainsi que le début de la période secondaire ; puis est intervenue comme une ère de silence dans le jeu des éruptions, et les périodes jurassique et crétacée semblent s’être écoulées sans que l’apparition de roches éruptives vînt interrompre la succession des sédiments.

« C’est avec l’ère tertiaire que l’activité interne paraît s’être réveillée, pour continuer à se manifester jusqu’à nos jours. Il y a donc, dans chaque groupe de roches, une série ancienne ou antéjurassique, et une série moderne ou postcrétacée, la seconde n’étant, en général, qu’un écho assez affaibli de la première, en ce qui concerne les roches acides. » (De Lapparent, p. 587.)

On distingue, en effet, dans les roches éruptives les acides ou légères, riches en silice et en alumine, et les basiques ou lourdes, pauvres en silice, et où prédominent les oxydes métalliques (de calcium, de magnésium, de fer, etc.).

« Les deux séries ancienne et moderne des roches éruptives ne sont donc pas distinctes seulement par leur âge ; elles le sont surtout par la nature des émissions. La première est caractérisée par la prédominance des types acides, ainsi que par l’état franchement cristallin des roches, où les éléments vitreux sont rares ou absents. Dans la seconde dominent les types basiques et neutres ; la texture granitoïde y est plus rare, et partout intervient une proportion plus ou moins forte de pâte amorphe ou d’inclusions vitreuses, en même temps que les roches se montrent souvent criblées de vacuoles, comme celles que peuvent produire des dégagements gazeux au sein d’une masse en fusion. Il est donc visible que les éruptions de la première série, du moins les plus anciennes, ont dû s’accomplir en général sous une pression qui permettait l’existence de l’eau à l’état liquide et en présence de dissolvants de nature à favoriser la cristallisation. Au contraire, dans la série moderne, la sortie des matières ayant eu lieu à l’air libre ou sous une faible pression, dans des conditions analogues à celles des volcans actuels, les gaz et la vapeur d’eau ont joué un rôle dans la constitution définitive des produits. Le caractère igné, l’action du feu, s’y accuse d’ailleurs plus franchement et se traduit quelquefois de la manière la plus nette par la cuisson que les roches encaissantes ont subie.

« C’est pourquoi, sans nier que les dernières éruptions de la série ancienne aient pu, jusqu’à un certain point, revêtir le caractère volcanique, nous pensons que cette épithète, qui implique l’idée d’émissions subaériennes et de projections violentes, convient surtout à la série moderne. » (De Lapparent, p. 1292.)

Voici dans quel ordre se sont formées les roches primitives dans l’Europe centrale : « Le granite d’abord, incontestablement postérieur au cambrien, et dont, d’après les récentes études de M. Barrois en Bretagne, une variété paraît même du carbonifère inférieur.

« La granulite, au moins silurienne, peut-être arrivée à la fin du dévonien ou