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le cañon du tarn. – d’ispagnac à sainte-énimie

ses tours et ses remparts éventrés, aux flancs desquels s’accrochent les arbustes et les herbes. » (L. de Malafosse.)

En plein flanc du causse Méjean, un affaissement de roches a, en effet, sur une longueur de 300 mètres, disloqué très curieusement la rive gauche du Tarn.

Le château de Charbonnières, en partie converti en ferme, doit remonter au xiiie siècle. De 1580 à 1583, soixante des bandits de Merle s’y maintinrent, effrontément, vivant de rapines et terrorisant les environs.

Une troupe de cinq cents arquebusiers et quatre-vingts cavaliers, chargée de les réduire, préféra transiger et laissa, en cours de siège, les soixante huguenots se retirer tranquillement avec les honneurs de la guerre.


Castelbouc. — Dessin de Vuillier, d’après nature.

Une fois Blajoux et le Villaret traversés, la rive gauche continue à solliciter le regard intrigué : et, de fait, il faut quitter route et véhicule (lequel trotte 2 kilomètres à vide jusqu’à Prades), pour descendre d’environ 400 mètres à travers les vignes et sous les cerisiers au bord du Tarn. En face, une vraie rivière s’échappe d’une grotte ; à côté, une aiguille rocheuse haute de 60 mètres, ne se trouvant sans doute pas assez pointue, se couronne des ruines acérées d’un vieux château ; sous l’aiguille, dans les anfractuosités de sa base, niche un village (460 hab.) dont presque toutes les maisons ont la falaise pour mur de fond.

Qu’est-ce que tout cela ?

Castelbouc, un des plus bizarres recoins du cañon.

En 1588, le château, aujourd’hui inaccessible, fut démoli par ordre des états du Gévaudan : ce nid d’aigle surplombant un des étroits du Tarn avait sans doute