Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/381

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
374
les cévennes

à l’Hôpital-du-Larzac, Boutinenque, Salbous, Campestre, au Caylar, etc. Beaucoup plus rare sur les autres Causses.

Laserpitium Siler L. — Existe généralement à côté de l’espèce précédente, dans les mêmes lieux. On la trouve aussi sur le causse Méjean, au-dessus du Truel, dans les gorges de la Jonte.

Senecio Gerardi G. G. — Espèce de la France méridionale, où elle est très rare. On la rencontre assez fréquemment sur les Causses : sur le Larzac, à Tournemire, à Sauclières, dans le bois de la Virenque, à Saint-Michel-de-Ser, à Pech-Tendre ; sur le causse Méjean, au-dessus de Monteil.

Cota Triumfetti Gay. — Rare et belle espèce, signalée seulement en Autriche, en Syrie et en France, où elle est très rare. Nous l’avons observée dans nos Causses, à Salbous et au bois de la Virenque, sur les pentes du Larzac, à l’ouest.

10° Jurinea humilis DC. — Voici encore une très rare espèce, que nous rencontrons sur le plateau de Campestre, contrefort du Larzac, à l’ouest.

11° Scorzonera Austriaca Willd. — On la trouve sur le plateau du Larzac, entre la Panouse et le Viala-du-Pas-de-Jaux ; sur les pelouses et au-dessus du bois de Fajas, et en haut du bois de Montclarat.

12° Armeria juncea Gir. — Très jolie plante et très rare, tout à fait spéciale aux Cévennes. Elle est assez commune sur le Larzac, dans les sables dolomitiques, au Caylar, à la Vacquerie, au Guilhomard, au plateau de Tournemire, à la Devèze de la Panouse, etc.

13° Euphorbia papillosa Pouz. — Spéciale aux Cévennes et aux Corbières. Elle abonde sur le plateau du Larzac, portion aveyronnaise, et existe aussi sur le causse Méjean, au-dessus de Florac.

14° Ephedra Villarsii G. G. — Espèce qui n’a été signalée en France que sur les murs de la citadelle de Sisteron et du château de Pierrepertuse (près Luchon). Dans l’Aveyron, on la trouve dans les fentes des rochers calcaires, sur les flancs du Larzac, ou aux environs : Millau, Creissels, Tournemire, Roquefort, etc.

La magnésie exerce-t-elle sur certaines plantes une action attractive ou répulsive comme le calcaire ? En d’autres termes, y a-t-il des plantes dolomitiques ? C’est l’opinion de certains botanistes, opinion qui a été formulée pour la première fois par Dunal[1], mais qui a été surtout développée à diverses reprises par J.-E. Planchon[2]. Cet éminent botaniste indique un certain nombre de plantes qui, d’après lui, appartiendraient exclusivement à la dolomie et seraient caractéristiques de cette substance, et, à côté de celles-là, d’autres plantes qui seraient préférentes, sinon absolument dépendantes des couches magnésiennes.

Cette théorie n’est cependant pas acceptée par tout le monde ; M. Contejean, en particulier, la combat énergiquement et nie l’influence de la dolomie sur la dispersion des plantes[3].

La question est donc litigieuse, et la discussion reste ouverte. De longues années d’herborisation sur les Causses nous permettent de verser au procès un élément d’instruction, que nous formulons de la manière suivante : sur les

  1. Mém. de l’Acad. des sciences et lettres de Montpellier, 1848, p. 173.
  2. Sur la Végétation spéciale des dolomies dans les départements du Gard et de l’Hérault : Bull. de la Soc. botanique de France, t. Ier, 1854. — La Végétation de Montpellier et des Cévennes dans ses rapports avec la nature du sol : Bull. de la Soc. languedocienne de géographie, Montpellier, 1879.
  3. Géographie botanique, p. 109-110.