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Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/50

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le cañon du tarn. – de sainte-énimie à la malène

possible la pénétration. Jusque-là, on ne doit hasarder aucune hypothèse sur la manière dont les eaux se comportent à l’intérieur des dolomies inférieures qui servent de stylobate aux causses. (V. chap. XXIII.)

Comme un rideau d’entr’acte, le cap aigu de Saint-Chély intercepte, une fois doublé, toute vue sur le tableau des abords de Sainte-Énimie. Alors le deuxième acte commence, si beau que le souvenir du premier s’en trouve presque effacé.


Le Tarn à Saint-Chély. — Phot. Chabanon.

À peine la barque a-t-elle dépassé les blanches cascades de Saint-Chély, que le paysagiste ne peut retenir un cri d’admiration. La rive gauche montre de grands rochers de dolomie blanche, où l’eau se brise sous des excavations. La rive droite laisse, par un angle brusque, le regard plonger dans un lointain où se profilent sur l’horizon les falaises grises du haut causse. En bas, une végétation luxuriante s’élève tant qu’un peu de terre revêt le flanc de la montagne, et l’eau s’étale largement sur les graviers bordés d’oseraies. Autant le fond du défilé était verdoyant entre Sainte-Énimie et Saint-Chély, autant ici il est d’abord aride et sauvage, mais de cette aridité ensoleillée du Midi qui sourit même dans sa tristesse. Les vagues du Tarn troublent seules le silence. Bientôt se montre, dans les grands arbres, un village adossé a un gigantesque mur de roches rouges trouées de cavernes. C’est Pougnadoires.