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le cañon du tarn. — de la malène au rozier

se groupe un assemblage bizarre, où une grande roche arrondie, surmontée d’un chapeau, s’entoure d’uni série d’aiguilles dolomitiques à base évasée. Un touriste a baptisé cet ensemble du nom de Cour de Louis XIV. Avec une forte dose de bonne volonté seulement on peut distinguer le roi sous sa perruque et son chapeau, au milieu de dame en robes à queue et de magistrats en toge !

Dans ces parages se trouve le plus grand gouffre du Tarn depuis sa source jusqu’à Millau, il produit un vaste remous, très lent, sans danger pour le bateau.


Sortie du Détroit. — Dessin de Vuillier, phot. Chabanon.
(Communiqué par le Club alpin.)

Deux ou trois poussées de perche font dépasser ce Maëlstrom en miniature, puis le voyageur se trouve de nouveau en proie à un violent accès d’admiration.

En effet, il pénètre dans le cirque des Baumes, colossal amphithéâtre où un coude du Tarn permet à la plaque photographique de saisir les deux rives à la fois ; les falaises se recourbent en sens contraire de part et d’autre, formant ainsi un véritable puits cylindrique, un abîme circulaire étroit et sombre ; ce qu’il faut remarquer, c’est le développement extraordinaire des escarpements inférieurs, qui dépassent en ce point 200 mètres de hauteur. Quand leurs faces rouges s’illuminent aux rayons du soleil couchant, quand le cirque entier ressemble alors à un brasier flamboyant, quand des nuages échevelés et empourprés chevauchent au-dessus du gouffre comme des panaches de fumée tordus par le vent, la fantasmagorie du lieu est presque effrayante.