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le causse de sauveterre

long de 10 kilomètres, mais dont « l’eau pure sort de sources vives nées dans un repli du causse de Sauveterre, sources que les étés les plus chauds ne peuvent entièrement boire… En arrivant à la Canourgue, elle se double du flot de Saint-Frézal, onde merveilleusement claire qui jaillit à côté d’une petite chapelle, au pied d’escarpements bas, arides. » (O. Reclus.)

À 4 kilomètres au sud-ouest de Banassac, dans le ravin de Saint-Saturnin, qui entaille le causse sur 200 à 300 mètres de hauteur, une autre fontaine sort de la grotte inexplorée de Rocaysou.

Négligeant les voies secondaires plus ou moins carrossables qui font communiquer entre elles les précédentes et réunissent les villages clairsemés du causse, il faut citer une cinquième et dernière route, confinant à la source de l’Aveyron, passant également par le Massegros et réunissant (de l’ouest à l’est) la station de chemin de fer de Sévérac-le-Château (bifurcation des lignes de Rodez—Mende—Millau) aux Vignes. (V. p. 61.)

En résumé, on voit que du nord et de l’ouest quatre chaussées aboutissent aux quatre principaux bourgs de la gorge du Tarn (Ispagnac, Sainte-Énimie, la Malène, les Vignes), et qu’une cinquième, coupant obliquement le causse de Sauveterre presque entier, de Chanac à Boyne, reliait, avant la création du chemin de fer, Mende à Millau, sans aborder le cañon.

Entre Banassac et Sévérac, la route nationale de Paris en Espagne {par Perpignan), supplantée par la voie ferrée, passe au point le plus déprimé du causse du Massegros (772 m.), en vue de nombreux dolmens et à 3 kilomètres de ceux de la Tieule, dits cibournios ou tombeaux des Polacres, dans un seul desquels le docteur Prunières en 1873 a trouvé 27 crânes et une foule d’objets ; elle sépare le causse de Sauveterre de son prolongement, celui de Sévérac, de même que la ligne de Sévérac à Millau, où la locomotive se hisse jusqu’à 818 mètres d’altitude, passe au point d’attache du Sauveterre et de la forêt des Palanges-Lévezou. (V. p. 16.)

En résumé, rien, si ce n’est l’abondance des dolmens aujourd’hui vides, ne mérite sérieuse attention par le travers du causse de Sauveterre. Il n’en est pas de même de son rebord méridional : là, le piéton, rompu à la marche et ne craignant pas de passer une nuit dans un gîte peu confortable, fera en deux jours une splendide excursion, de Sainte-Énimie à Peyreleau, suspendu tout le temps à 500 mètres au-dessus du Tarn. À Saint-Georges-de-Lêvejac, en haut du cirque des Baumes, il couchera dans une bien sommaire auberge ; tout le long des falaises, il aura parfois de la peine à se frayer un passage, faute de chemins, et le contour ou la descente (impliquant la remonte) de nombreux ravins lui paraîtra certes plus fatigante encore qu’aux valleuses cauchoises, mais il sera amplement dédommagé par la beauté des spectacles contemplés.

De Sainte-Énimie, une nouvelle route de voitures monte, on s’en souvient p. 42 et 70), à Cabrunas, en face et au-dessus de Saint-Chély et de Pougnadoires. Pour nous reposer un peu de l’emploi des épithètes admiratives, contentons-nous de nommer les sites et de faire trêve aux descriptions. La petite


    lage et à 4 kilomètres (par la route) de la station de Banassac. L’ancienne route, au nord du chemin actuel no 33, rejoignait la route du Massegros à la Baraque-du-Cros, entre Chanac et la Baraque-des-Pis. — V. Rapport sur tes fouilles pratiquées à Banassac par M. Roussel : Bulletin, 1860, — Observations sur les poteries gallo-romaines de Banassac, par G. Fabre : Bulletin, 1875, p. 83. — V. aussi, sur les innombrables monnaies mérovingiennes frappées à Banassac, Annuaire de la Soc. franç. de numismatique, 1883.