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Page:Martial - Épigrammes, traduction Dubos, 1841.djvu/576

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A la suite des Epigrammes de Martial, le traducteur croit devoir placer la pièce suivante dont l’épigramme 50 du livre III de son auteur lui a fourni le sujet

LE DOUBLE DINER

OU

L’HORTICULTEUR-POÈTE, A TABLE.

Un dîner sans façon est une perfidie. A dit certain poète, ami des grands repas ; Ce vers pour être vrai veut qu’on le modifie : J’aime assez, entre amis, peu de cérémonie ; Qu’on me passe ce point : dans tous les autres cas, D’accord avec l’auteur, volontiers je m’écrie : Un dîner sans façon est une perfidie. Mais il est un dîner dont il ne parle pas, Et dont, à meilleur droit, il faut qu’on se défie, Fût-il accompagné de mets plus délicats Que ceux où Bancelin, Véfour et compagnie Signalent leur talent dont je fais quelque cas ; C’est celui de l’auteur d’une prose assassine, Ou de prétendus vers, insipides et plats, Quand, ses cahiers en main, de la voix et du bras, A sa table il poursuit, avec forte poitrine, Un honnête dîneur qui se voit pris aux lacs, Et doit sans plainte et sans éclats, Sous le fardeau pliant l’échiné, Des premiers jusqu’aux derniers plats Essuyer sa lecture, et payer sa cuisine. D’un pareil guet-apens encor tout interdit, Tant l’image à mes yeux en reste fraîche et neuve, Pour vous sauver une semblable épreuve, J’en vais, mes chers amis, vous faire le récit.