Page:Martial - Œuvres complètes, t. 2, trad. Verger, Dubois et Mangeart.djvu/36

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LI. SUR LA FIOLE D'INSTANTIUS RUFUS === Qui a ciselé cette fiole ? Est-elle l'ouvrage de l'habile Mys ou de Myron ? Dois-je y reconnaître la main de Mentor, ou bien la tienne, Polyclète ? Nulle tache n'en ternit l'éclat, et son métal ne redoute pas l'épreuve du feu. L'ambre pur rayonne d'un jaune moins éclatant que son or, et la ciselure d'argent qui l'embellit efface la blancheur de l'ivoire. L'art ne le cède en rien à la matière : c'est ainsi que la lune embrasse les contours de la terre quand elle brille de toute sa clarté. On y voit un chevreau couvert de la toison du bélier qui emporta le Thébain Phryxus ; monture que la sœur du petit-fils d'Éole eût certes préférée. Le tondeur cinyphien eût respecté ce chevreau ; et toi-même, Bacchus, tu l'eusses laissé brouter ta vigne. Sur le dos de l'animal est assis, les ailes déployées, un Amour d'or, qui tire délicatement du lotus les plus doux sons. Ainsi le dauphin, enchanté de porter le Lesbien Arion, traversa la mer paisible sous son harmonieux fardeau. Cette riche fiole, ce ne sera pas la main du