Page:Martial - Œuvres complètes, t. 2, trad. Verger, Dubois et Mangeart.djvu/42

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LIX. CONTRE UN VOLEUR QUI ÉTAIT BORGNE === Vous voyez cet homme qui se contente d'un œil et qui, sous son front déprimé, montre, à la place de l'autre, une cavité chassieuse ? Eh bien ! cet homme, ne le méprisez pas, c'est le plus grand voleur de la terre : Autolycus n'avait pas la main plus subtile. S'il vous arrive de l'avoir pour convive, ne le perdez pas de vue : c'est là qu'il triomphe ; là mon borgne y voit des deux yeux. Les valets ont beau faire, les gobelets et les cuillers y passent, et plus d'une serviette disparaît sous sa robe. Personne ne sait mieux ramasser un manteau qui a glissé des épaules d'un convive, et souvent il se trouve couvert de deux surtouts. Le coquin ne rougit pas de voler à l'esclave endormi sa lampe tout allumée. S'il n'a pu rien attraper, il circonvient d'une façon traîtresse l'esclave préposé à la garde des sandales, et finit par se voler, quoi ? les siennes.

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