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sainte-claire

nées : elle mesure vingt-deux mètres sur neuf, et le chœur lui-même plus de six mètres de long ; elle n’a qu’une seule nef, et ne possède pas de chapelles, son style est du roman de bonne époque. Dans le chœur se voit le maître-autel en marbre blanc, taillé par le sculpteur Fabisch avec un bas-relief, représentant la mise au tombeau du Sauveur. Audessus se trouve un beau tableau du peintre lyonnais Blanchard, représentant sainte Thérèse ; par côté se voient des fresques de Blin : des anges adorant le monogramme du Christ. Dans la nef sont suspendus plusieurs tableaux, dont voici l’énumération : la bienheureuse Marie de l’Incarnation, saint Augustin, Notre-Dame de Pitié, la mort de saint Joseph, le Christ après sa flagellation, l’ange Raphaël conduisant Tobie, la Sainte Famille, une autre Sainte Famille, Jésus-Christ apparaissant à saint Jean de la Croix, saint Michel. D’intéressants vitraux éclairent la nef, ils sont l’œuvre d’Émile Thibaud, en 1857. et représentent : saint Michel et saint Raphaël, saint Jean-Baptiste et saint Élie, la Vierge et saint Joseph, sainte Thérèse et saint Jean de la Croix, saint Jean l’Évangéliste et sainte Madeleine. Dans la nef un gracieux petit édicule est dédié à la Vierge enfant. Sur la façade, se voit une belle statue de Notre-Dame du Mont-Carmel, œuvre de M. Brûlat ; enfin dans la sacristie, de beaux ornements sacerdotaux du xviie siècle, remarquables de conservation et provenant de l’ancien monastère.


SAINTE-CLAIRE

Le 11 août 1253, deux jours avant la mort de sainte Claire, le grand pape Innocent IV apportait à la fidèle disciple du stigmatisé de l’Alverne la bulle par où il lui conférait le privilège unique en son genre qu’elle avait tant sollicité de lui, le privilège de la sainte pauvreté telle que François d’Assise lui-même l’avait pratiquée. Cinquante et un ans plus tard. Blanche de Châlon, douairière de Belle ville, veuve de Guichard X, sire de Beaujeu, et femme de Béraud IX, sire de Méricour, fonda, dans la capitale chrétienne des Gaules, un second monastère de Pauvres Dames : elle avait établi le premier à Brienne-les-Anse. Auparavant les frères Mineurs avaient eu leur premier établissement de France à Pouilly-le-Monial, puis en 1215 à Villefranche. Il n’y a donc que justesse dans ce propos d’un docte évêque du xviie siècle : « La province de Lyon est terre franciscaine. » Le monastère proprement lyonnais s’appela dès l’origine la Déserte, du nom de la maison avec verger et vignes où le mit la puissante douairière et qu’elle avait acquise, dès 1296, dans un faubourg dépendant de la paroisse de la Platière.

Blanche fit venir de Sainte-Marie de Brienne dame Jeanne Dupuy, première abbesse, avec trois religieuses qui arrivèrent le 15 août 1304 ; quatre autres religieuses, aussi de Brienne, vinrent rejoindre les premières le 29 septembre. Blanche de Mercœur, veuve une seconde fois, dota l’abbaye pour elle et pour d’autres dames professant la vie religieuse. La deuxième abbesse fut Mative de Durchia en 1319, la troisième Huguette de Dieux, la quatrième Jeanne de Durchia.