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histoire des églises et chapelles de lyon

les niches de gauche. Le carillon ne possédait pas moins de huit cloches, sans compter celle réservée à l’horloge. À l’intérieur, le chœur attirait les regards par ses vastes dimensions et par ses quatre-vingt-six stalles « peintes au dos en or de ducat et représentant images d’histoire » ; le maître-autel de forme rectangulaire était en marbre blanc ; au devant ce qu’on appelait le rastellarium, énorme candélabre formé de deux pieds et d’une bande plate destinée à porter les cierges, ne pesant pas moins de trois quintaux : plus au centre, un lutrin de cuivre doré. En arrière de l’autel, sur quatre colonnes, mesurant dix pieds de hauteur, reposait la châsse de saint Just en pur albâtre ; la relévation solennelle de ces ossements vénérables avait été accomplie, le 2 septembre 1292, par l’archevêque de Vienne, entouré d’un imposant cortège d’abbés, de clercs séculiers et de moines. On comptait au moins vingt-quatre chapelles ; quatre d’entre elles étaient séparées de la nef par un treillis de fer ; la plupart des autres possédaient, avec un autel de marbre ou de pierre, des armoires pour conserver les ornements sacerdotaux, des bahuts à serrure, où les confréries et les particuliers déposaient ce qui avait le plus de valeur. Il y a eu peut-être, au cours des âges, quelques variations dans leurs titulaires ; nous tenons cependant à énumérer ces divers patrons, tels que nous les avons le plus fréquemment rencontrés : leur liste forme comme un tableau des dévotions populaires et des intercesseurs dont on invoqua plus volontiers l’assistance céleste. Après deux chapelles, baptisées l’une du Corps-Dieu et l’autre de la Croix, à peu près contemporaines, fondées l’une en 1489, l’autre peu avant, trois étaient consacrées à la Vierge Marie, sous les noms de Notre-Dame-Antique, Notre-Dame-du-Clocher, dotée par Jean de Mourateur, curé de Saint-Just, le 16 mars 1485, Notre-Dame-de-Pitié avec la prébende des Grossets ; parmi les bienheureux, une place avait été réservée à saint André, saint Pierre, saint Just, saint Cyr, saint Nicolas, saint Denis, saint Antoine et saint Laurent, saint Galmier, saint Sébastien, saint Christophe, saint Roch ; les saintes honorées étaient sainte Marie Madeleine, sainte Anne, sainte Agathe, sainte Catherine, sainte Barbe, sainte Cécile et sainte Geneviève. Mentionnons, pour finir, une chaire en bois de noyer et une cuve antique, sur un piédestal formé de trois colonnettes accouplées, servant de bénitier d’entrée.

Le trésor avec ses reliquaires, ses joyaux, ses évangéliaires, ses tapisseries, contenait des merveilles. Dans l’impossibilité de tout décrire, nous signalerons les plus fameuses pièces d’orfèvrerie : le calice, la croix de jaspe, la rose d’or d’Innocent IV, une châsse d’or, présent de Louis XI, pour enfermer le corps d’un des saints Innocents de Bethléem, une autre châsse, dite des Machabées, avec des fleurs de lis parsemées sur le couvercle et les à-côtés ; le buste de saint Just, morceau capital de la collection. Pierre de Vézelay, dorier et maître de la monnaie de l’archevêque, en était l’auteur : il avait reçu, comme matière, sept marcs et deux onces d’argent, et, par contrat du 9 avril 1330, il s’était engagé à déployer tout son savoir-faire. La mitre était couverte de pierreries, et, à la main qui tenait la crosse, brillait une superbe améthyste. De tant de richesses, il ne reste plus de trace : la Révolution a jeté au creuset ce qui avait échappé à la rapacité des protestants.

Nulle part ailleurs, en effet, autant qu’à Saint-Just, on ne souffrit des dévastations