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histoire des églises et chapelles de lyon

démissoriale du duc de Ventadour, dont Chazeaux quittait pour partie la juridiction ; celle d’Annonay, province du Languedoc dont Ventadour était lieutenant général. Dans quel but ? Le voici, d’après le document : « la nouvelle abbesse de Chazeaux, qui est une religieuse tirée de l’abbaye Saint-Pierre de Lyon, veut réformer ladite abbaye de Chazeaux, ce qu’elle fera plus aisément dans une ville close selon les décrets du Concile de Trente ». Chazeaux se transportera donc à Lyon.

L’acte définitif de réunion ne fut rédigé néanmoins que le 12 mai 1623, par quinze religieuses signant après la révérende dame Gilberte-Françoise d’Amanzé, de Chauffailles, d’une part, et messieurs du consulat de Lyon, d’autre part, devant le notaire du roi, ses assesseurs et témoins. Les lettres royales translatrices de juridiction se firent attendre vingt ans, délai qui ne nuisit en rien au nouvel établissement de l’abbaye. Les procès seuls y firent quelque dommage. Décidément Chazeaux, qu’il s’enfermât ou se réformât, était voué aux procès ! Et d’abord, on disputa à l’abbaye la validité ou la bonne foi même de son achat de la maison de Bellegrève, à Fourvière, où elle s’était érigée canoniquement dès la fin de l’année 1619 ; on l’avait obtenue à beaux deniers comptant de messire de Souvré, marquis de Courtanvault. La première révision du débat tourna, il est vrai, en sa faveur ; mais en 1649, Catherine de Neuville, en tant qu’héritière de la dame Robert, veuve du sieur de Mandelot et fondée de pouvoir de M. de Courtanvault, remit toutes choses en l’état et faillit arracher aux juges une sentence d’expropriation. Cela s’apaisa au prix de vingt-quatre mille livres dont les religieuses s’allégèrent. Après quoi, elles goûtèrent, à travers de menus litiges encore, de 1630 à 1730, une paix, ou une trêve de Dieu, qu’elles employèrent à se loger au mieux et au plus large. Elles accrurent en jardins et en vignes leur agréable séjour, le plus haut des séjours monastiques de Lyon ; elles acquirent le tènement de Bel-Air, au nom bien mérité, qu’on trouve dans les actes administratifs et judiciaires dès 1706.

Bel-Air s’étendait du chemin de Saint-Paul à l’Antiquaille et à Fourvière — les plans du temps désignent ainsi la montée Saint-Barthélemy — jusqu’aux Grandes-Balmes de Fourvière, formant un vaste carré échancré, à son extrémité nord-ouest, en un angle rentrant, par un chemin de servitude qui séparait de ce côté le mur d’enceinte de la grange et du chapitre pour lesquels il avait fallu construire une seconde enceinte. Au-dessous, du même côté, le mur longeait le monastère des Récollets. Un plan du commencement du xviiie siècle montre, aux confins nord, la terrasse de la dame Ollivier et la vigne de M. Durand, chanoine de Fourvière. La distribution intérieure prend ses aises. Ce sont, à remonter du chemin Saint-Paul ou Saint-Bartbélemy, vers les Grandes-Balmes de Fourvière, bâtiments d’utilité et de logement pour l’aumônier, un petit lavoir au-dessous, une cour avec arbres, une fontaine, un parloir, une allée de tilleuls, une terrasse et un puits, des bâtiments et une cour, un très grand jardin et une seconde terrasse, une grange et des écuries, une splendide allée et une terrasse qui en était digne, un berceau d’arbres, un pavillon couvert, à gauche, au-dessous d’une troisième allée avec terrasse, des communs, des jets d’eau, des bâtiments divers, une allée tournante et une vigne très étendue.