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II
HISTOIRE DES ÉGLISES ET CHAPELLES DE LYON

plutôt qu’à celle des personnages ; ils ont estimé qu’en introduisant le passé dans le cadre du présent, en remontant de ce qui existe, de ce qui frappe les yeux de chacun, à l’origine des premiers essais, ils n’atteindraient pas moins les événements les plus intéressants, les renommées les plus célèbres, les institutions les plus utiles, et qu’ils parviendraient à composer ainsi quelques-uns des plus curieux, sinon même des meilleurs chapitres de nos annales ecclésiastiques.

Les deux méthodes sont, je crois, légitimes et logiques ; les avantages en compensent les inconvénients. La première est plus conforme au cours des siècles ; la seconde embrasse, sans interruption, toute l’évolution d’œuvres importantes, qui survivent presque toujours à leurs créateurs et qui se prolongent, pendant plusieurs générations, en maintenant leur esprit et en multipliant leurs bienfaits. L’une et l’autre ont peut-être le tort de procéder par morceaux artificiels et par fragments trop courts ; elles rendent les vues d’ensemble et les appréciations générales plus rares et moins sûres ; mais, dans les sciences historiques, la synthèse n’est jamais sans quelque danger ; les faits, après qu’ils ont été examinés dans le détail, ne se prêtent pas, autant que beaucoup se l’imaginent, à une formule abstraite et à de larges et hypothétiques conclusions, où l’induction philosophique trouve mieux son compte que la contingence des réalités et de l’expérience. Le lecteur du reste suppléera aisément par ses réflexions personnelles à ce que le plan de l’ouvrage ne comportait pas ; dans son esprit, rien ne sera perdu de la continuité des énergies humaines et divines qui ont été déployées dans l’établissement et dans le progrès du christianisme parmi nous ; rien ne lui échappera de l’unité de vue, ni de la souplesse sage et hardie, qui ont servi à consolider l’invariabilité de la discipline et de la foi, de leurs règles et de leurs dogmes, au milieu des changements incessants des formes politiques et sociales, des races occupant le sol, des mœurs et des idées trop souvent en contradiction avec l’idéal évangélique.

Notre conversion du paganisme, la sainteté de nos apôtres, l’héroïsme de nos confesseurs avaient jeté sur notre Église un éclat et un renom incomparables ; elle ne cessa de les entretenir et de les regarder à juste titre comme un héritage, l’engageant à ne céder le premier rang à personne ; elle s’appliqua constamment à ne pas déroger. Lorsque la suprématie administrative lui eut échappé, transférée tantôt au nord et tantôt au sud, à Trêves ou bien à Arles, elle tâcha de ne pas laisser aliéner ses prérogatives pontificales ; elle les appuya sur des titres et sur des œuvres ; elle les étendit par le zèle de son clergé, l’abondance de ses aumônes, l’importance de ses fondations, le nombre de ses