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grands-augustins et saint-vincent

s’ajouta, après la conquête de la Flandre, celle de la Flandre française. Les Augustins de Lyon faisaient partie de la province de Bourgogne et Narbonne qui comprenait 23 couvents, soit 13 pour la Bourgogne et 10 pour Narbonne. Parmi les couvents de Bourgogne se trouvaient Lyon. Montluel, Morestel, Saint-Amour en Franche-Comté, Montrevel en Bresse, tous dépendants du diocèse de Lyon. Depuis la réforme il y avait, de plus, deux couvents in partibus infidelium, Genève et Thonon, dont les religieux de Bourgogne nommaient les prieurs, pour n’y point perdre leurs droits.

Calvaire
Église des Grands-Augustins.

Mais revenons à Lyon. Les historiens ont longuement discuté la date de l’établissement des Augustins proprement dits dans notre ville. L’acte que les Augustins passèrent, le 12 mai 1319, avec le chapitre de Saint-Jean, mentionne le nom de P. de Savoie, et la donation qu’il avait faite de leur maison, de leur église et du cimetière. Ce nom signifiait-il Philippe ou Pierre de Savoie, tous deux archevêques de Lyon, mais qui siégèrent à un demi-siècle de distance, Philip])e en 1246, et Pierre en 1308. Une pièce récemment trouvée dans la bibliothèque de Lyon (fonds Coste, manuscrit 262, ancien 2585) ne laisse plus de doute ; on lit dans cet état du couvent des Grands-Augustins de Lyon, dressé en septembre 1766 : « le couvent des Grands-Augustins de Lyon doit son établissement à Philippe de Savoie, archevêque de cette même ville, lequel en occupa le siège depuis 1246 jusqu’en 1268, qu’il le quitta pour aller prendre possession du throsne de Savoie, vacant par la mort de son frère Pierre, comte de Savoye, décédé sans enfant. Cet archevêque leur accorda une maison, une chapelle, un cimetière ».

Les Augustins ne se fixèrent point sans contestations sur le terrain qu’ils tenaient de la libéralité de l’archevêque, et des sires de Beaujeu. Les Carmes qui habitaient Chenevière cédèrent à la jalousie et affirmèrent qu’on ne pouvait bâtir qu’à cent quarante cannes de leur monastère. Le différend ne se termina qu’en 1345, par une transaction passée à Avignon : les Augustins se soumirent à payer aux Carmes 300 florins d’or de bon poids, moyennant quoi, il leur fut accordé de continuer le bâtiment qu’ils avaient commencé, et même de l’agrandir, pourvu que ce ne fût pas du côté des Carmes. Ils achetèrent pour cela la vigne de Saint-Hippolyte, dont ils vendirent, depuis, un morceau à des particuliers pour y construire des maisons. Ils furent promptement aimés : le registre des actes consulaires mentionne plusieurs donations à leur couvent, et toutes comme salaire de leurs œuvres. Les formules comme celle-ci sont des plus fréquentes : « Le 10 février 1405, le consulat fit payer cent livres tournois à frère Pierre Robin, maître provincial des Augustins de Lyon, pour lui ayder à faire la feste de son magistrement, lequel fait, il viendra en la ville faire sa résidence, et la servir de la parole de Nostre-Seigneur ».

L’événement le plus considérable dont puissent se glorifier les annales des Grands-