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HISTOIRE DES ÉGLISES ET CHAPELLES DE LYON

leurs solitudes abandonnées et profita souvent des cloîtres déserts pour y installer un séminaire ou un hôpital : le Carmel refleurit et les Trappistes ramenèrent leur froc et leur charrue dans la lande inculte ; dans aucun autre temps les congrégations d’hommes ou de femmes, vouées à l’éducation ou à l’assistance des malheureux, ne furent plus ferventes ni plus variées. Ce renouveau spirituel suscita dans l’agglomération lyonnaise des merveilles d’ingénieuse charité, d’innombrables hardiesses, de rares sacrifices qui ne seront probablement jamais dépassés. On jugera plus loin, d’après la simple liste des fondations, sorties du sol, sous le regard de Notre-Dame de Fourvière, rentrée en possession de sa chapelle et de son domaine, avec quelle résolution, quelle activité inlassable, quels succès achetés parfois au prix des plus dures privations, les ruines amoncelées par la Révolution, par ses décrets et ses bombes, ont été relevées : leur poussière a été le germe des résurrections les plus inattendues et les plus fécondes. Il est juste d’en bénir la Providence ; mais le concours céleste s’allie à l’effort humain, et, une fois de plus, nos concitoyens échappés aux proscriptions de Couthon et de Fouché, aux saturnales de la procession impie des Terreaux et à l’apothéose de la déesse Raison, délivrés des erreurs jansénistes et gallicanes, ont démontré que, sur notre terre privilégiée, le catholicisme a jeté de profondes et d’impérissables racines. Le vieil arbre, plus immortel que les chênes, reverdit toujours et se couronne de branches plus jeunes et plus vigoureuses, quand l’orage l’a dépouillée.

Toute cette longue et magnifique histoire d’une grande ville consacrant au triomphe de l’Évangile ses hommes, son génie, son épargne, n’est pas seulement écrite dans les livres ou consignée dans les archives ; elle doit se lire sur les monuments, au moins autant que dans les parchemins. La pierre n’est-elle pas une incarnation perpétuelle de l’idée ? un symbole permanent de la croyance ? Est-ce que les lieux qu’on interroge ne livrent pas le secret des âmes qui les habitèrent, des larmes qui y furent versées, des prières qu’ils entendirent ? Aucun de nos collaborateurs n’a exprimé là-dessus le moindre doute ; et nous souhaiterions que leur sentiment, qui est aussi le nôtre, soit partagé de tous les lecteurs. En acceptant de traiter des édifices qui lui étaient les plus familiers et les plus chers, chacun d’eux était persuadé d’avance que son étude prendrait, sous sa plume, l’ampleur nécessaire à tous les développements liés à son sujet ; il se proposait de demander à l’architecture ses intuitions et à l’archéologie ses mystères ; les inscriptions livreraient leurs souvenirs, parfois leurs énigmes ; les dalles, le nom des morts qui sommeillent au-dessous ; les ex-votos