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histoire des églises et chapelles de lyon

En 1666, eut lieu, non loin de ce paisible rendez-vous de la prière et de la reconnaissance, un attentat dont les suites retentirent dans toute la France. Le jour de l’Ascension, à 11 heures du matin, le sieur Lanchenu, de naissance obscure, envoyé à Lyon par la faveur de Colbert, pour recouvrer, au nom du roi, les taxes mises sur les gens de justice, revenait en carrosse, avec sa femme, de la chapelle Saint-Roch. À la Quarantaine, huit arquebusiers de la compagnie de la ville, déguisés et masqués, le rouèrent de coups de bâtons, au point de le laisser pour mort sur la place, et s’enfuirent traversant la Saône sur une barque. Lanchenu ne mourut pas de ses blessures. Comme sa charge était d’état, le crime était de lèse-majesté au premier chef. Il porta plainte au conseil du roi. En même temps, Laurent de la Vehue, prévôt des marchands de Lyon, trésorier de France, comte de Chevrières et baron de Curis, se reconnut spontanément responsable de la correction, correction trop vive, on en conviendra. Il allégua que cet homme l’avait gravement insulté dans son propre hôtel, et que les émissaires soudoyés avaient dépassé son juste désir de châtiment. Le fond de la querelle était, paraît-il, que Lanchenu ayant promis mariage à une dame Faure, veuve d’un neveu de Laurent de la Vehue, n’en avait pas moins épousé Mme Michon, et que le prévôt des marchands lui ayant fait de vifs reproches, il ne lui avait répondu que par des injures. Le 31 juillet 1666, Laurent de la Vehue, connut son arrêt sévère : il était condamné à payer 12.000 livres de dommages-intérêts à Lanchenu, et à avoir la tête tranchée. Le premier échevin Colas Prost de Grange Blanche et les huit arquebusiers tenus pour complices en étaient quittes le premier pour la corde, les autres pour la roue. L’hôtel de Laurent de la Vehue devait être démoli. Mais il fut sursis à cette démolition, et quelques années après, le roi accorda des lettres de grâce à tous les condamnés.

Il y avait près d’un siècle, que, chaque année, le premier vendredi après Pâques, se faisait solennellement la procession générale du vœu public. Le 26 avril 1680, une échauffourée, suscitée par une discussion de préséance entre messieurs du consulat et les membres de la sénéchaussée et du présidial, l’interrompit par un grand scandale. La cérémonie ne reprit son cours qu’en 1682. Elle fut remplacée en 1790 par une sorte de cérémonie civique. Le culte de saint Roch n’était pas toutefois éteint, puisqu’en juillet 1791 le bureau du conseil municipal consentait à quelques réparations urgentes à la chapelle, qui n’échappa pas pour cela, un peu plus tard, au destin de tous les monuments religieux.

Elle fut vendue, en 1796, comme bien national, pour la somme de 6.600 francs : « Cette chapelle », lit-on dans l’acte de vente, daté du 27 messidor an IV de la République française (15 juillet 1796), « est précédée d’un porche dont la superficie, y comprise celle de la chapelle, est d’environ 1.738 pieds ; la terrasse qui l’entoure contient en superficie 5.865 pieds, mesure de Lyon. La construction consiste en un corps de bâtiment de forme carrée oblongue, terminée en pan coupé au levant ; deux portes ceintrées, formant une entrée principale, deux portes latérales, l’une au nord et l’autre au midi ; puis une troisième donnant dans la partie formant sacristie, laquelle est séparée de la chapelle par une cloison en planches. Au-dessus de la sacristie est un entresol, auquel on parvient par un escalier en bois. Cette chapelle prend ses jours par quatre fenêtres ceintrées, deux au