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histoire des églises et chapelles de lyon

talières Saint-Joseph, fondées à La Flèche en 1642. La congrégation, après les troubles révolutionnaires, renaquit dans les sœurs Saint-Joseph de Lyon qui, à leur tour, devinrent mères des religieuses Saint-Joseph de Belley, de Bordeaux, de Chambéry, d’Amérique. Il ne faut pas les confondre avec les sœurs Saint-Joseph de Cluny, fondées en 1807. Les religieuses de Lyon se formèrent un peu avant cette date, sous les auspices de Mgr Fesch, conseillé par l’abbé Cholleton, alors curé de Saint-Étienne, fondateur et restaurateur discret de congrégations et de sociétés charitables. En 1816, la ville de Lyon fut choisie par l’autorité diocésaine pour être le centre de la congrégation ; le noviciat y fut établi à la même époque. L’institut fut approuvé du gouvernement par décret du 23 mars 1828.

Mère Saint-Jean, née Fontbonne, qui, en 1793, avait confessé la foi, gouverna les religieuses avec une prudence digne d’éloges. Sa sainteté lui mérita d’assister au prompt développement de l’Institut. Ce fut elle qui établit les colonies aujourd’hui indépendantes de Belley, de Bordeaux, de Chambéry et d’Amérique. À Annecy, elle eut le bonheur de voir ses filles logées au berceau même de la Visitation, par un admirable retour que la Providence avait préparé. Lorsqu’elle mourut, dans la maison-mère de Lyon, Dieu lui ménagea une digne héritière en la mère du Sacré-Cœur de Jésus, nommée dans le monde Marguerite-Marie-Virginie Tézenas du Montcel, l’une des familles les plus distinguées et les plus chrétiennes du Forez. Née le 8 décembre 1795, Virginie parut, dès son enfance, prédisposée à sa future vocation. Sa mère avait coutume de la mener avec elle dans les maisons religieuses du pays : elle revenait, de son propre élan à la maison dite de Mi-Carême, que les sœurs Saint-Joseph possédaient à Saint-Étienne. Elle y entra définitivement le 2 novembre 1821. Son excellente éducation, la maturité de sa raison, le charme de son esprit, ses connaissances variées, son habitude de l’autorité, sa familiarité avec les enfants et les pauvres, en un mot, ses qualités et ses vertus la désignaient pour les charges de l’Institut. Dès sa profession, elle fut nommée maîtresse des novices, puis, peu après, supérieure de Mi-Carême qu’elle sauva des dissensions spirituelles et de la ruine matérielle. Enfin on lui imposa la charge d’assistante générale en l’appelant à Lyon. Lorsqu’elle remplaça mère Saint-Jean, supérieure générale, le 16 mai 1839, elle fut élue à l’unanimité moins une voix : « Quoi, une voix contre elle », s’écria une des religieuses ? — « Rassurez-vous, lui répondit-on, c’est la sienne ».

Elle ne trompa pas les espérances qu’on avait mises dans sa ferme douceur, dans sa foi « contagieuse » suivant l’expression de sa digne assistante, sœur Marie-Louise, dans son art consommé de plier ou d’incliner les volontés sans paraître y toucher. Elle s’appliqua à réformer les religieuses autant qu’elle avait pris soin d’instruire jadis les élèves. Elle avait pour maxime singulière que les élèves faisaient autant, sinon plus, pour leurs maîtresses, sans trop le vouloir, que les religieuses faisaient pour leurs pensionnaires. Il n’y eut pas de maison où elle n’introduisit son esprit propre qui était de charité et de pieuse habileté. Et comme une bonne gestion est un succès du spirituel, elle remit en état les établissements qui défaillaient faute de prudence.

La congrégation était riche en établissements ; elle y ajouta encore, en fondant Cham-