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la cité de l’enfant-jésus

tion sacerdotale. Louis Potton entra, en 1850, chez les Dominicains, Mathevon l’y suivit peu de temps après ; puis ce fut le tour de Brosse ; trois ans plus tard, Ferdinand Potton quittait le commerce de la soierie pour revêtir à Marseille la robe de capucin. M. Rambaud était prêt depuis longtemps à quitter le monde, la mort de sa mère vint hâter sa résolution et, en mai 1854, après avoir résilié son contrat d’association avec M. Potion, il loua à la commission des hospices de Lyon, l’emplacement qui devait porter plus tard le nom si connu de Cité de l’Enfant Jésus, ou Cité-Rambaud. Il y bâtit une maison pour loger les enfants retirés de la rue et vint habiter avec eux.

Chapelle de la Cité de l’Enfant-Jésus.}}

Ce changement de vie, l’habit d’ouvrier qu’il revêtit furent cause que la plupart de ses amis l’abandonnèrent. Mais la Providence le récompensa de sa persévérance en lui envoyant un aide dans M. Paul du Bourg, jeune homme de grande famille, qui sacrifia son avenir pour se dévouer à l’œuvre commune. Ce dernier ne craignait pas d’aller à travers Lyon recueillir les aumônes nécessaires pour faire vivre la colonie qui augmentait sans cesse. Une catastrophe, l’inondation de Lyon en 1856, faillit compromettre l’œuvre. L’eau envahit la maison de refuge jusqu’au premier étage. À la hâte les malades furent dirigés sur Chasselay où Mmes  Lacour leur donnèrent une généreuse hospitalité. De son côté, M. Rambaud offrit la Cité aux malheureux ouvriers victimes du fléau, et en peu de jours, elle se peupla de plus de cent personnes. Ému de voir tant de familles entassées pêle-mêle, M. Rambaud conçut le projet de bâtir une vaste maison pour y hospitaliser les malheureux qu’il logeait provisoirement. Encouragé par le cardinal de Bonald, il recueillit en peu de temps plus de 30.000 fr.

Cette conception de cité ouvrière reposait hélas sur une erreur financière et une erreur morale. Les ouvriers considéraient les dons reçus par leurs bienfaiteurs comme destinés à payer les dettes, et refusaient d’acquitter leur terme ; or on avait emprunté 400.000 fr., et on construisit pour plus de 600.000.

L’échec moral s’ajouta à la gêne financière : la cité contenait non des hospitalisés, mais des locataires libres de pratiquer ou non leur religion, et la maison fondée pour instaurer le règne de Dieu fut parfois témoin de scènes de désordres. Au milieu de ces ennuis financiers, l’appui que les Pères Capucins avaient donné à la cité naissante vint à manquer.