Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
la cité de l’enfant-jésus

livre exquis intitulé : La Mère de famille ou la Maîtresse de maison, ouvrage réimprimé depuis et qui est peut-être le chef-d’œuvre de ce pédagogue populaire.

M. Rambaud était l’homme de son temps ; il ne pouvait lui échapper que la ville de Lyon s’accroissant et s’étendant de plus en plus dans la plaine du Daupliiné, les populations suburbaines avaient besoin de secours religieux. Vers 1874, M. Renard, grand teinturier, avait transporté à la cité Lafayette son importante usine ; M. Rambaud, muni des autorisations ecclésiastiques nécessaires, s’empressa de construire, sur un terrain cédé par ce généreux industriel, un asile de vieillards et une salle de catéchisme, enfin une chapelle ouverte le 25 août 1879. Un an plus tard, de concert avec M. Gillet père, un nom impérissable dans les annales de la charité lyonnaise, M. Rambaud élevait une autre chapelle dans le quartier de l’Industrie au nord de Vaise, et y ajoutait une maison abritant soixante-dix vieillards. Pour soutenir ces œuvres, il fallait de grandes ressources ; le prêtre pauvre se trouva parfois dans de cruelles perplexités ; mais des bienfaiteurs discrets tirèrent toujours d’embarras l’apôtre des ouvriers, qui donnait et construisait sans compter.

M. l’abbé Rambaud.

Ces œuvres matérielles ne l’empêchèrent pas de publier, en 1887, un nouvel ouvrage : Économie sociale et politique ou science de la vie. Ce livre, très ouvert à toutes les réformes légitimes, plein de pitié virile pour le pauvre, rempli de hauts et sages conseils pour le riche, est animé d’un admirable optimisme, fruit des connaissances profondes acquises par l’industriel rompu aux affaires, qu’était M. Rambaud. C’est une œuvre profondément originale par son inspiration spiritualiste, sa sympathie pour le monde moderne, et son intelligence des besoins sociaux. La composition de cet ouvrage n’absorba pas toute l’activité de M. Rambaud. À la demande de Mme  Morel, présidente de la Société d’encouragement à l’allaitement maternel, il ne cessa, depuis 1882 jusqu’à sa mort, de prêter son concours le plus actif à une œuvre qui répondait à ses plus constantes préoccupations.

L’Académie de Lyon, dès qu’elle fut en possession du legs Lombard de Buffières, tint à honneur de couronner non seulement la Méthode d’enseignement raisonné, publiée par M. Rambaud en 1869, mais surtout le zèle et le dévouement du créateur de cette école primaire fondée sur l’enseignement philosophique. Le rapporteur de l’Académie, M. Heinrich, faisait pourtant quelques réserves, en indiquant d’un trait la difficulté de l’entreprise : « La tentative de M. Rambaud me paraît une de ces œuvres individuelles qui valent ce que vaut l’homme et ne produisent leur fruit que sous sa direction absolument exceptionnelle. » M. Rambaud fut sensible à cette observation qui répondait à ses secrètes inquiétudes. La difficulté de trouver des maîtres rompus à cette méthode pédagogique, lui fit chercher à perfectionner sa méthode et à en publier les points principaux