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la déserte

LA DÉSERTE

La règle bénédictine fleurit abondamment à Lyon : Saint-Pierre, Saint-Benoît, Notre-Dame de Chazeaux et Notre-Dame de la Déserte sont la preuve que ce tronc ne pouvait s’appauvrir par la multitude des rameaux et des branches. Mais encore ces abbayes eurent-elles des fortunes assez diverses : Noire-Dame de la Déserte, pourtant aussi aristocratique que les autres, connut moins de prospérité matérielle et éprouva même des secousses pénibles. Les premières pièces de ses archives sont assez anciennes ; l’époque où elles parurent est celle que des historiens du moyen âge ont classée comme remuée du pressentiment de la renaissance païenne.

La Déserte en 1550 (d’après le plan scénographique).

L’acte de fondation de la Déserte est daté du 1er janvier 1304. Conçu dans une latinité soignée qui emprunte plus au style ecclésiastique qu’au style de la basoche, il couvre un beau parchemin de plein format, scellé du sceau de cire couvert dit sigillum opertum et porte au dos cette note de rappel qui nous assure qu’il n’y a pas confusion entre l’acte de vente des biens primitifs et l’acte de fondation proprement dite : « L’on peut faire voir ce contracta ceux qui veulent voir notre fondation pour nous mettre dans l’histoire de Lyon ; nous sommes fondées le 1er janvier 1304. » Au-dessus de ce visa, on lit encore : « Premier contract de la fondation, articles de rante de cinq maisons en la rue de l’Herberie et trois en la rue Écorchebœuf et une récente en Bresse. » Et cette seconde note toujours au verso : « Donation faite par dame Blanche de Châlon à la Déserte des fonds qu’elle y avait et des biens qui lui étaient deubz. » Une troisième annotation enfin, et celle-là d’un second copiste, est plus explicite : « Premier contract de fondation par dame Blanche de Chalon et de Belleville, par lequel l’on voit qu’elle a donné des fonds au monastère à Lyon dans les rues de l’Écorchebœuf et de l’Herberie, laquelle rue de l’Écorchebœuf est celle que l’on appelle rue Teste-de-Mort, près les haies de la Pescherie et que les articles de directe sont encore sans aucun seigneur et que la rente de saint Pierre laisse vide des deux côtés, qui sont les maisons que (sic) furent de M. de Cha-