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histoire des églises et chapelles de lyon

Marie-Françoise Sauget, Marie-Bernardine Gilbert et Marie-Dorothée de Rincour, ainsi que trois novices de la maison de Pontarlierse mirent en route pour Lyon, où elles arrivèrent le 16 octobre. Madame de Chevrières les accueillit avec une joie extrême : elle leur avait fait préparer, dans la maison de feu M. de La Chassagne, au quartier de Bellecour, un logement où on comptait quinze cellules ; elle leur avait fait aussi disposer la chapelle que sa piété s’était plu non seulement à fournir du nécessaire, mais encore à orner et à enrichir de vases précieux et de décorations. Peu de temps après, la chapelle fut bénite ; dès lors on y célébra la messe et les religieuses y récitèrent l’office en chœur. L’année suivante, les Annonciades achetèrent à mi-côte de la Croix-Rousse, montée actuelle des Carmélites, de Mme  Loubat, veuve de M. Guérin, bourgeois de Lyon, une maison avec jardin pour la somme de douze mille livres ; elles firent encore l’acquisition d’une maison voisine appartenant à M. Lenoir, et purent ainsi disposer peu à peu un monastère régulier, où elles entrèrent le 1er novembre 1625. On procéda ensuite à la bénédiction de l’église et d’une grande croix bleue et blanche ; celle-ci fut plantée sur une petite éminence devant le portail de l’église, ce qui excita la curiosité du peuple venu pour voir ce nouvel établissement.

En 1627, les Annonciades agrandirent leur habitation par l’achat d’une maison nommée Château-Gaillard, et d’un jardin attenant, le tout appartenant à M. Ganière. Le monastère progressait rapidement, soutenu au temporel par la bonne comtesse, au spirituel par le zèle et la prudence de Mgr de Marquemont, et enfin par la mère Jeanne-Baptiste-Angèle, dont on peut se dispenser de faire l’éloge en passant. « Douée d’un esprit élevé, d’un jugement solide, elle avait, disent les mémoires manuscrits du temps, une adresse merveilleuse pour mener à bonne fin les grandes entreprises » ; à ces qualités venaient se joindre un courage supérieur à toute difficulté et une rare égalité d’âme dans les circonstances les plus pénibles. Ces talents, que la grâce avait perfectionnés en elle, la firent choisir par ses supérieurs pour être la première prieure du monastère de Lyon, et elle justifia les espérances que l’on avait conçues d’elle ; car, sans rien omettre de tous les devoirs d’une parfaite religieuse, elle conduisait les travaux du bâtiment, gouvernait la communauté naissante et traduisait même en français le livre des règles de l’institut que l’on n’avait alors qu’en italien.

Les sœurs qui lui avaient été adjointes ne lui cédaient guère en mérite. Toutes menèrent une vie exemplaire et furent fort regrettées de leurs sœurs de Lyon lorsqu’elles retournèrent en leur monastère de Pontarlier. Il n’est pas hors de propos de citer ici les noms des premières professes de la maison de Lyon : ce furent d’abord les nobles demoiselles Gabrielle de Gadagne ou de Beauregard et Marthe de Monlaizon, l’une et l’autre nièces de la fondatrice ; leurs vertus, plus encore que leur noblesse, rendra à jamais leur souvenir impérissable dans les annales de l’ordre. Elles furent bientôt suivies dans le cloître par d’autres jeunes filles de qualité dont les mémoires ont conservé avec les noms les actions vertueuses ; ce sont : Marie-Antoinette de Saillan, de la Frasse, Mauret, Scarron, de Rontallon, et de Saint-Joire. Madame de Chevrières, mue par sa piété et son affection pour les Annonciades, obtint des chanoines de Saint-Jean une partie assez considérable du