Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/453

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
429
saint-bonaventure

le parti possible ; un corps de garde y logea : un charpentier, Rousset, s’empara du tiers d’une petite nef, pour un dépôt de planches ; un maître d’équitation trouva moyen, dans le chœur, d’y créer une piste, pour dresser les chevaux, et entasser contre la muraille le fumier qui l’embarrassait ; une ménagerie de passage y séjourna et y montra ses bêtes féroces. Ce qu’il y eut de plus singulier fut le parti qu’on tira des chapelles, pour les transformer en appartements, en boutiques, en ateliers. Dans la chapelle de Saint-Antoine de Padoue, un tourneur, du nom de Sarrazin, habitant la rue Grenette, près de celle du Charbon Blanc, jadis chère à Rabelais, y monta ses machines dès octobre 1797 ; Brun, un galocher, loua celle de Sainte-Geneviève, un charpentier, Primat, habita Saint-Bernardin ; l’inspecteur de la halle s’adjugea la première de gauche, près de l’entrée, et le concierge, Arrivat, succéda aux peintres dans Saint-Luc et Saint-Clair. L’écuyer Berthaut tenait à bail l’Assomption et la Délivrance ; mais ses affaires marchèrent mal et ses élèves le payèrent peu ; il mourut d’ennui et sa veuve céda, sans murmurer, les locaux aux fabriciens, quand ils lui envoyèrent congé. Mais arrêtons là ces souvenirs attristants, et prêtons l’oreille à l’heure de la résurrection, qui ne tardera pas à sonner.


II


Le Concordat devait permettre de rendre à l’église des Cordeliers sa destination naturelle et de la tirer de ses ruines. Dès que Mgr de Mérinville, ancien évêque de Dijon, nommé à Chambéry, administrateur temporaire du diocèse, dont le titulaire n’était pas encore désigné, s’occupa de constituer les nouvelles paroisses de la ville, il parut nécessaire de partager en deux l’ancien territoire, sur lequel Saint-Nizier s’étendait, avant 1789, et d’établir, à Saint-Bonaventure, le centre delà section à créer.

La Préfecture ne partagea pas cette opinion, elle accueillit par une fin de non-recevoir la première ouverture, qui en fut présentée, dans le rapport du 28 prairial an X (17 juin 1802). — L’Évêque, appuyé de son conseil, ne se rendit pas ; dans une lettre du 10 messidor an X, il renouvela sa demande. « Quant à la ville et aux faubourgs, disait-il à M. Najac, malgré les pressantes sollicitations et les motifs assez forts qui m’ont été présentés, je borne les cures au nombre de sept, conformément à votre projet. Mais il me paraît indispensable d’obtenir l’église des Cordeliers, en qualité de succursale, dans le second arrondissement. Son immense population en impose la nécessité et j’ai reçu, à cette fin, les demandes les plus pressantes.

« L’obstacle que vous y trouvez, c’est que cette église est affectée en ce moment à servir de halle au blé et que son état de dégradation exigerait des réparations très dispendieuses. Des citoyens, même de ceux qui sont dans les autorités constituées, m’ont fait observer que l’on pouvait aisément trouver un autre local pour la halle et que les réparations absolument nécessaires, pour rendre au culte cette église, dans le corps et l’édifice, ne mouleraient qu’à un prix supportable. Ils m’ont même ajouté que si vous jugiez à