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saint-bonaventure

autre lieu qui serait jugé ultérieurement plus convenable, après s’être préalablement concerté avec le Commissaire général de police.

Une opposition, partie des bureaux de l’Hôtel de ville et principalement du commissariat général de la police, dont le titulaire, un certain M. Dubois, était noté pour ses opinions voltairiennes, des lenteurs machiavéliques, une obstruction, fomentée par les négociants intéressés, entravèrent la décision préfectorale et retardèrent de plusieurs années son exécution, en dépit des vœux unanimes des habitants et des protestations du conseil de fabrique, auquel on reprochait fort injustement son apparente inaction. Nous raconterons tout à l’heure les incidents variés de cette affaire et de sa conclusion à peu près satisfaisante, quoique un peu brusque ; mais, auparavant, il nous faut reprendre les choses de plus haut et noter les principales phases de l’organisation intérieure.

Le prêtre, qui reçut la mission de restaurer ces ruines et d’évangéliser ce quartier, un des plus populeux et des plus pauvres, se nommait Antoine Pascal, piémontais d’origine, et ancien vicaire de Saint-Nizier. Depuis la fin de l’année 1796, qu’il était rentré d’émigration, il avait dépensé autant de zèle que de courage à exercer son ministère catholique, au milieu du troupeau, dont la garde lui était officiellement proposée.

Le choix, arrêté par Mgr de Chambéry et les co-administrateurs de l’abbé Verdolin, qui formaient son conseil, fut ratifié par l’archevêque ; si les circonstances avaient semblé l’imposer, le dévouement et les qualités de l’élu le justifièrent plus pleinement encore. Né aux environs de la petite ville de Suze, le 23 août 1751, d’une famille dont le travail et les bonnes mœurs formaient l’unique patrimoine, M. Pascal franchit les Alpes, vers la trentième année, et vint chercher, à Lyon, une carrière plus active que dans ses montagnes. Le curé de Saint-Nizier, M. Navarre, l’agréa comme vicaire et le proposa au chapitre, dans l’assemblée du lundi 25 février 1782 ; aussitôt admis comme remplaçant de M. Boirivent, dont le départ ne pesait à personne, il reçut l’habit de chœur, prêta serment, et, pour cadeau de joyeux avènement, s’engagea à doter d’une aube la sacristie. Dès le lendemain, il commençait ses fonctions par plusieurs baptêmes. Pendant la Révolution, des premiers, il eût à payer, par trois mois et demi de détention, sa fidélité aux principes catholiques et son courage à les défendre. Il fut arrêté, à la suite de l’émeute, soulevée contre l’abbé Linsolas, le premier mardi de Carême, 15 février 1791, pendant la méditation et la prière du soir. Au milieu du plus violent tumulte, des injures et des vociférations, lancées de tous les côtés de l’église, il avait essayé de rétablir le calme, surtout il s’était noblement efforcé de protéger le prédicateur et d’empêcher que la chaire ne fût prise d’assaut par une bande d’énergumènes, qui répondaient aux strophes du Vexilla regis par les cris : « À la lanterne ». Les tapageurs ne furent point inquiétés ; les deux ecclésiastiques et un des clercs assistants furent conduits dans la maison des missionnaires Lazaristes et réduits longtemps au pain et à l’eau. Après sa libération, le vicaire, ne voulant rien avoir de commun avec l’intrus Jolyclerc, qui avait remplacé le curé Nicolas Navarre, se décida à passer la frontière, muni d’un passeport pour la Savoie, avec ses deux confrères, MM. Grenier et Rambaud, il se rendit dans son diocèse natal, où l’évêque lui assigna immédiatement un poste. Mais, impatient d’interrompre ce qu’il regardait comme un exil, ainsi qu’il l’écrivait, trente